Sommaire
La norme de Haute valeur environnementale
À la fin des années 70, l’opinion publique se sensibilise fortement aux questions environnementales. De cette évolution sociétale naît une double exigence : celle du citoyen souhaitant que l’Etat joue un rôle actif dans la protection de l’environnement, et celle du consommateur désireux de se tourner vers des produits plus respectueux. C’est dans ce contexte que va apparaître un premier label, la certification « Agriculture Biologique » en 1985, et qui interdit notamment l’utilisation de produits chimiques de synthèse. Soucieux d’encourager le plus grand nombre de producteurs dans cette transition, l’Etat a créé en 2008 un nouveau label : la Haute valeur environnementale. Trop laxiste, inefficace pour certains, pragmatique et réaliste pour d’autres, la certification HVE interroge et suscite un véritable débat.
La HVE l’anti-chambre de l’agriculture biologique ?
La haute valeur environnementale est issue du Grenelle de l’environnement, et représente le niveau 3 de la certification environnementale des exploitations agricoles. Aujourd’hui, 8218 exploitations sont certifiées HVE dont 84% sont des domaines viticoles. Délivrée par l’Etat, elle repose sur différents indicateurs regroupés en 4 thématiques : la biodiversité, la fertilisation, la stratégie phytosanitaire, et la gestion de l’eau. Dans chacune de ces thématiques, le viticulteur est évalué sur ses pratiques. Il obtient un certain nombre de points lui permettant de passer ou non les seuils afin de valider l’obtention du label HVE.
Si les labels Bio et HVE présentent de nombreuses similarités, ils sont différents et complémentaires selon le ministère de l’agriculture. L’œnologue Pierre Chatonnet considère d’ailleurs la HVE comme un tremplin vers la viticulture biologique : « Pour moi, la HVE a été en trois ans une école extrêmement importante pour le saut en bio ». En effet le label HVE adopte une démarche globale offrant plus de flexibilité au viticulteur pour une gestion d’ensemble des enjeux, là où le label Agriculture Biologique est contraignant à chaque étape de la filière.
Une certification au cœur des débats
La certification suscite de nombreux débats depuis sa création. Et pour cause, son niveau d’exigence est inférieur à celui du label Bio et participerait au greenwashing. En effet, pour obtenir la certification, les agriculteurs entrent dans un système de points. Ils peuvent en gagner en réduisant l’utilisation de produits phytosanitaires, mais également en se montrant vertueux dans l’une des 4 thématiques afin de ne pas réduire les pesticides.
La HVE s’impose donc comme une alternative au label Bio chez les exploitants, séduit par cette flexibilité sur la question des produits phytosanitaires. C’est ce qu’avait dénoncé l’association Alerte aux Toxiques à Bordeaux dans une étude intitulée « La HVE encore gourmande en pesticides » rapportant l’existence de traces de pesticides dans 22 vins certifiés HVE. Le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux avait alors réagi en attaquant l’association pour atteinte à l’image concernant ces vins labellisés.
Quel avenir pour une norme contestée ?
Face aux reproches portant sur les produits phytosanitaires, notamment à l’occasion du litige pour lequel Alertes aux Toxiques a été condamnée pour dénigrement, l’Etat a rehaussé le niveau d’exigence. Dès l’été 2021, les viticulteurs devront présenter des indices de fréquences de traitements plus bas pour obtenir des points dans la thématique « produits phytosanitaires » ce qui risque de décourager de nombreux exploitants à engager une transition et freiner la croissance du label. Cependant, ce durcissement pourrait accroître la notoriété du label auprès du grand public.