La Champagne est une région viticole du Nord-Est de la France mondialement connue pour ses vins effervescents. Sur ce terroir septentrional, au climat difficile, la créativité et l’obstination de certains ont permis la naissance du vin effervescent le plus emblématique et qualitatif de la planète viticole.
Le Champagne, où l’histoire d’un vin devenu légende
L’histoire de la culture viticole champenoise a probablement débuté au IVème siècle avec la plantation des premières vignes par les Romains. Cependant, la production de vin en Champagne n’est attestée qu’à partir du VIème siècle. Ensuite, durant le Moyen-Age, la viticulture s’est développée plus intensément grâce notamment aux monastères dans de nombreuses villes Champenoises. A cette époque, on produit alors principalement du vin rouge en Champagne.
C’est au XVIIIème siècle que les vins effervescents commencent réellement à se développer. Il existe plusieurs versions historiques concernant l’invention de effervescence. L’une d’elle dit que ce sont les anglais, grands consommateurs de vins de Champagne à cette époque, qui prennent l’habitude d’ajouter du sucre au vin lors de la mise en bouteille, dans le but d’obtenir des vins plus doux. Cet ajout est à l’origine d’une deuxième fermentation qui produit du gaz carbonique.
Un autre tournant important dans la production du Champagne est la mise en place au début du XVIIIème siècle d’assemblages entre des vins de différentes années et/ou de cépages différents.
Enfin, le gaz carbonique mettant en difficulté les moyens techniques de l’époque pour permettre la conservation et le transport du Champagne, le développement de bouteilles en verre épaisses ainsi que l’édit royal de 1728 permettant le commerce de vin en bouteilles sont des étapes cruciales qui ont permis d’accélérer la production du Champagne. On peut aussi noter que c’est à ce siècle que les premières maisons de Champagne font leur apparition, futurs fers de lance de la renommée internationale de ce nectar.
Au XIXème siècle, le nombre de maisons de champagne se multiplie et la production des vins de champagne voit deux innovations la bouleverser. La première d’entre elles est l’invention du Champagne rosé par la maison Veuve Clicquot, puis la deuxième celle du Brut Nature par Madame Louise Pommery. Cette dernière est une création osée pour l’époque, aux vues de l’attachement à des champagnes sucrés à consommer au moment du dessert.
Le XIXème siècle est aussi le siècle des maladies de vignes, et la Champagne n’est pas épargnée. De fait, la quasi-totalité des vignes de la région sont progressivement greffées sur des vignes importées d’Amérique résistantes au phylloxéra.
Le XXème siècle se divise clairement en deux moitiés pour le champagne. Une première moitié pleine de crises, et une seconde de développements fructueux. En effet, la Première Guerre Mondiale provoque la diminution drastique de la production de Champagne pendant toute sa durée. Ensuite, avec le recalibrage de la région en 1927, et donc le recalibrage de l’appellation, les vignerons sont contraints d’arrêter de produire des vins avec du gamay, qui était pourtant le cépage le plus utilisé de la région.
Avec la crise de 1929, beaucoup de maisons de Champagne cessent d’acheter des raisins aux producteurs, ce qui amène beaucoup de vignerons à créer leur propre marque afin de surmonter cette crise. Enfin, pendant la Seconde Guerre Mondiale, la Champagne reste 4 ans sous occupation allemande. Après la guerre, et pendant toute la seconde moitié du XXème siècle, la Champagne profite de nouvelles innovations dans la production et de 34000 hectares de vignes plantées afin d’accroître sa notoriété.
Actuellement, avec 300 millions de bouteilles produites par an et un prix à l’hectare avoisinant le million d’euros, la Champagne bénéficie d’une renommée internationale et d’une grande réputation de luxe et de prestige. Néanmoins il est encore possible d’acheter du champagne pas cher directement auprès de certains vignerons, autour de 16-18€.
Le terroir unique du vignoble champenois
La région Champagne comporte trois appellations : l’appellation Champagne qui est la plus importante, l’appellation Coteaux Champenois, ainsi que l’appellation Rosé des Riceys. Elles sont toutes les trois reconnues par le label AOC.
Le vignoble champenois est réparti sur 34300 hectares de vignes au Nord-Est de la France dans les départements de l’Aube, la Haute-Marne, la Marne, l’Aisne et la Seine-et-Marne. C’est le vignoble le plus au Nord de la France, il se situe en effet à la limite septentrionale de la culture de la vigne. Le climat est donc froid pour la vigne.
Deux autres éléments influencent le climat champenois : la région est située dans les terres, les vignes sont alors dans un climat continental qui peut amener des gelées au printemps qui sont parfois dévastatrices, et les vignes bénéficient aussi d’un climat océanique qui leur apporte régulièrement de l’eau. Les vignes se situent entre 90 et 350 mètres d’altitude, plantées sur des côteaux afin de favoriser au maximum leur exposition au soleil.
Le terroir champenois se divise en quatre régions principales dont les sols varient. Il y a la Montagne de Reims (7000 hectares de vignes entre Epernay et Reims), la Côte des Blancs (3000 hectares de vignes à 95% de chardonnay), la Vallée de la Marne (8000 hectares à l’Ouest de la région) et la Côte des Bar (6500 hectares de vignes tout au Sud de la région). Afin d’être plus complet, on précisera l’existence des vignobles du Sézannais, du Perthois, du massif de Saint-Thierry et de Montgueux. On trouve un sous-sol de craie (70 à 90 millions d’années) recouvert d’une fine couche de terre sur la Côte des Blancs et la Montagne de Reims. Sur la Vallée de la Marne la craie disparaît peu à peu en direction de l’Ouest, laissant place à des sols siliceux (sable ou grès) datant de 35 à 45 millions d’années, et plus à l’Ouest encore on retrouve des sols argilo-calcaires (25 à 35 millions d’années).
Enfin, sur la Côte des Bar, les sols marneux calcaires sont datés du Kimméridgien (140 millions d’années). La craie, que l’on retrouve donc sur une bonne partie du terroir champenois, fonctionne comme une éponge, puisque ce sol est capable à la fois d’alimenter constamment les vignes en eau mais également de ne pas noyer ces dernières. Les sols siliceux sont des sols plus chauds et secs et les sols argilo-calcaires sont plus humides et frais. Les marnes calcaires sont quant à elles intermédiaires aux deux sols précédents.
En Champagne, le calcul des rendements est particulier. Il n’est pas basé sur la production en hectolitre de vin terminé, mais sur les volumes de raisins produits à l’hectare. Ainsi chaque année, les différentes familles de la Champagne viticole se mettent d’accord sur la quantité à récolter en fonction du marché, des stocks et de la qualité de la vendange. Ces dernières années, ces volumes étaient d’environ 10 400 kg/ha.
Les conditions de pressurage nécessitent 1,6 kg de raisin pour faire un litre de vin en Champagne, contre 1,3 kg dans les autres régions viticoles. Ces taux s’expliquent par le fait que les vins de Champagne n’ont pas vocation à faire des vins concentrés et riches en alcool. Nous avons donc 10 400 kg/ha qui sont équivalents à 65 hectolitres par hectare.
Dans la région Champenoise, le référencement des crus est un peu particulier pour plusieurs raisons. Premièrement, les crus n’apparaissent que rarement sur les étiquettes des bouteilles de Champagne. Deuxièmement, les crus sont classés par village, de telle sorte que tous les raisins provenant de la même commune sont tous classés au même stade. Troisièmement, le classement influence directement les prix auxquels seront vendus et les vins car ils attestent de la qualité de ces raisins. A titre indicatif, sur les 321 villages produisant des raisins pour le Champagne, seulement 17 d’entre eux sont classés en Grand Cru, et 44 sont classés en Premier Cru.
Pour la production, les Maisons de Champagne utilisent trois cépages sont principalement utilisés (99,7% de la production) : deux cépages noirs (le Pinot Noir et le Pinot Meunier qui représentent environ 69% de l’encépagement) et un cépage blanc (le Chardonnay qui représente environ 30% de l’encépagement). Ces cépages sont souvent mélangés car les champagnes sont produits avec la méthode des assemblages. Puisque les jus sont mélangés, la mention des cépages est rarement indiquée sur une bouteille, on peut cependant retrouver mention de champagnes « blanc de blancs » (vin blanc produit avec des raisins blancs, donc du Chardonnay) et « blanc de noirs » (vin blanc produit avec uniquement des raisins noirs).
Le champagne, un vin façonné par l’élégance
Pendant la dégustation d’un champagne, l’examen visuel donne plusieurs indices quant aux cépages utilisés. En effet, si la robe est toujours dorée, ce doré varie entre des reflets verts (qui peuvent traduire une dominante de Chardonnay), dorés (qui peuvent traduire une dominante de Pinot Meunier) ou encore jaunes paille (qui peuvent traduire une dominante de Pinot Noir).
A l’examen olfactif, on retrouve sur les champagnes les plus jeunes des arômes de pomme verte, de citron, de poire et de fruits rouges acides. C’est en vieillissant que le champagne gagne en complexité, on remarque alors des arômes de biscuit, de beurre, de miel ou encore de brioche. Lorsque le champagne est évolué, des arômes de torréfaction, de cacao, de pain grillé et de noisette sont prégnants.
Lors de l’examen gustatif, le champagne peut aussi bien être acide et minéral, que gras et soyeux. Globalement, on peut déterminer qu’un champagne est composé d’une plus grande partie de Chardonnay s’il est caractérisé par une forte acidité, une légère sensation d’alcool et une minéralité remarquable. A l’inverse, il est probable d’avoir plus de raisins noirs dans le cas d’un champagne moins marqué par l’acidité et plus vineux.
Pour ce qui est des champagnes rosés, il existe deux types de rosés : les rosés d’assemblage et les rosés de macération. Pour les premiers, la robe est plutôt orangée, tandis que le nez et la bouche sont structurés par l’acidité et la fraîcheur.
Pour les rosés de macération, le robe est souvent rose cerise, le nez dispose de fruits rouges avec des notes fumées et en bouche, le champagne est particulièrement vineux.
La différence de sucrosité entre les champagnes fait qu’il existe plusieurs types de champagne, et ceux-ci dépendent directement du dosage, c’est-à-dire de la quantité de « liqueur d’expédition » ajouté au champagne lors de sa production. Nous retrouvons alors dans l’ordre du moins sucré au plus sucré : le brut nature (qui n’a reçu aucun dosage), l’extra-brut, le brut (qui est le plus répandue et qui est dosé à moins de 15 grammes par litre), l’extra-dry, le sec, le demi-sec et enfin le doux (dont le dosage est supérieur à 50 grammes par litre).
Le champagne s’accorde à tous les moments du repas
Le champagne est un vin qui, contrairement à certaines idées reçues, n’est pas réservé à des accords mets vins d’apéritif ou de dessert. En effet, il est conseillé d’éviter d’accorder le champagne avec des mets dont l’apport en sucre, en sel, en gras ou en eau est excessif. Globalement, le champagne n’apprécie guère les excès des aliments qui l’accompagnent.
Il est alors peu avisé de servir du champagne en même temps que des aliments comme la tomate, la vinaigrette, des chips, du chocolat ou des glaces pour ne citer qu’eux. Préférez des mets fins et subtils. Le champagne peut donc se boire à n’importe quel moment du repas à partir du moment où ces quelques règles sont respectées.
En entrée, des fruits de mer, des hors-d’œuvre ou des potages se marient très bien avec un champagne blanc de blancs grâce à son acidité et sa fraîcheur.
Pour le plat, les champagnes blancs de noirs ou bruts sans année iront à merveille avec les viandes blanches, les volailles et les poissons. Si vous vous apprêtez à consommer de la viande rouge, penchez-vous plus vers un rosé vineux ou un champagne demi-sec.
Pour le fromage, ne vous y trompez pas, un grand nombre d’entre eux sont parfaitement compatibles avec le champagne. En effet, les fromages de chèvre, les pâtes demi-dures (comme le reblochon) et les pâtes dures et sèches (comme le comté ou l’emmental) font partie des fromages que l’on peut associer sans risque au champagne. Pour le dessert, le champagne s’associe très bien à des pâtisseries peu sucrées en servant du champagne brut sans année, un rosé fruité et léger, ou encore un champagne demi-sec.
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Sommaire
Production
302 million d’hectolitres
Surface
34 000 ha
Sols et sous-sols
Calcaire (irrigation naturelle constante)
Cépages rouges et rosés
Pinot Noir et Meunier
Cépages blancs
Chardonnay, Pinot Blanc, Pinot Gris, Arbanne et Petit Meslier
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