Sommaire
Direction le sud-ouest d’Angers dans la région viticole de l’Anjou-Saumure et plus particulièrement de la sublime appellation d’origine contrôlée des Coteaux-du-Layon.
L’AOC Coteaux-du-Layon
Au Pays de la Loire, Le Layon est une rivière qui a la particularité d’être pleine de méandres – sinuosité du cours d’eau. Elle est située dans le département du Maine-et-Loire et marque l’AOC Coteaux-du-Layon. La richesse de cette AOC provient de la diversité de ses terroirs, propres à chaque méandre.
Aussi, cette appellation, correspond parfaitement à l’aire géographique de la Vallée du Layon, de la source à l’embouchure. Au sud-est du plateau armoricain, ce petit vignoble s’étend sur 1 600 hectares et borde les deux rives du Layon sur des sols à dominante schisteuse, argilo schisteuse et siliceuse.
Avec ses faibles rendements – de l’ordre de 35 hectolitres par hectare – cette appellation est l’une des plus célèbres du vignoble d’Anjou-Saumur, dont la superficie totale est d’environ 21 500 hectares pour 19 appellations et 18% de la production qui sont des vins blancs.
Le vignoble de Coteaux-du-Layon ne produit que des vins demi-secs, moelleux ou liquoreux et ses AOC les plus réputées se situent sur la rive droite, dans la commune de Rochefort-sur-Loire, à savoir les appellations Coteaux-du-Layon Chaume 1er Cru et Quarts-de-Chaume Grand Cru.
Son histoire
D’un point de vue historique, le vignoble de la Vallée du Layon se développa grâce aux négociants Hollandais à partir de 1579. En effet, ces vins à fort degré d’alcool – de l’ordre de 16 à 17 degrés –étaient plus propices à leur bonne conservation durant le voyage vers les Pays Bas.
De plus, sous la royauté de Louis XVI, qui canalisa le Layon dès 1776, le commerce s’intensifia. C’est notamment la compagnie des Indes hollandaises qui fut l’un des grands acteurs de l’essor de ce vignoble. L’AOC fut reconnue en 1950 et s’étend sur 27 communes de la région.
Cépage et surmaturité
Il semblerait que le Chenin – cépage unique de cette AOC qui ne produit que des blancs – trouve les conditions idéales à sa production grâce notamment aux méandres du Layon, aux coteaux pentus, aux microclimats de la Vallée et à son terroir unique.
Dans cette région où le climat est océanique tempéré avec des hivers doux et pluvieux, le vignoble bénéficie d’une faible amplitude thermique. Ainsi, les microclimats sont de types méditerranéens et propices à la surmaturité du raisin.
Ici, les vendanges se font généralement courant octobre, sont exclusivement manuelles et se font par tris successifs de raisins arrivés à surmaturité avec une très forte concentration en sucre dans les baies.
Nous ne pourrions pas parler de liquoreux, sans mentionner la « pourriture noble », à l’origine des grands vins blancs de cette appellation. Cette « pourriture » est bénéfique à l’élaboration des liquoreux, contrairement à la pourriture grise qui elle est nuisible. Celle-ci est due à un champignon appelé le « Botrytis Cinerea », que l’on retrouve également en Sauternes à Bordeaux ou en Tokaji, dans le vignoble Hongrois.
Le climat est propice au développement fongique lorsque les matins sont humides avec du brouillard nappant le vignoble et des après-midis chauds et ensoleillés, ceci rendu possible grâce à la rivière du Layon. Ce champignon rend la baie du raisin poreuse diminuant sa teneur en eau et augmentant sa teneur en sucre lorsque les baies arrivent à surmaturité. Une fois la vinification terminée, on dit que le vin est « botrytisé ».
Les quatre niveaux d’appellation
Tout d’abord, l’AOC Coteaux-du-Layon reconnue depuis 1950, est répartie sur 1600 hectares et 27 communes. Ensuite les AOC Côteaux-du-Layon à dénomination communale sur 180 hectares de vignes avec des rendements limités à 30 hectolitres par hectare. Les AOC Coteaux-du-Layon village sont respectivement : Beaulieu-sur-Layon, Faye-d’Anjou, Rablay-sur-Layon, Rochefort-sur-Loire, Saint-Aubin-de-Luigné ou encore Saint-Lambert-du-Lattay.
Dans la commune de Rochefort-sur-Loire, 70 hectares de parcelles sont situés sur le lieu-dit Chaume et peuvent bénéficier de l’AOC Chaume 1er cru dès la récolte 2011 avec des rendements limités à 25 hectolitres par hectare pour une production annuelle moyenne de 1 000 hectolitres.
Enfin, reconnue depuis 1954 (et modifiée en 2011), l’AOC Quarts de Chaume Grand Cru se situe sur une toute petite partie de la commune. Cette AOC parcellaire de 40 ha, est la seule AOC « Grand Cru » du Pays de la Loire avec des rendements limités à 25 hectolitres hectare afin d’assurer la grande qualité de la production de la vingtaine de producteurs et ne dépasse pas les 400 hectolitres par an.
Les vins ont un potentiel de garde hors norme, des dizaines d’années, parfois une centaine pour les meilleurs millésimes et sont à conserver au moins dix ans afin d’exploiter tout leur potentiel gustatif. Historiquement, le nom de l’AOC proviendrait du Moyen Âge. Les paysans devaient payer leurs Seigneurs propriétaire des terres en leur reversant le meilleur « quart » de leur récolte.
Passons à la dégustation…
À l’œil, pour les vins jeunes, la robe est jaune aux reflets verts, s’intensifie sur une couleur dorée pour les vins un peu plus âgés et ambrés pour les plus vieux d’entre-deux et dont la patiente du propriétaire aura été remarquable. On observe également des larmes intenses issues de la teneur en sucre et du taux d’alcool, liées à la surmaturité du raisin.
Au nez, les vins expriment des arômes de fleurs blanches, de poires, de coings, de pêches et notes de fruits exotiques. Ses vins vieillissent extrêmement bien ! Après quelques années, les vins laissent apparaître ses sublimes arômes tertiaires : notes boisées, vanillées, épicées ainsi que des fruits secs, confits, mielleux et une belle minéralité qui prennent le dessus sur les notes florales et fruits frais de leur jeunesse.
En bouche, les vins sont équilibrés, ronds mais leur fraicheur reste intense, on y retrouve des notes de coing caractéristique au Chenin, de poire, de fruits confits et de miel.
© Photo : Château Soucherie