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Les vins de la Côte de Nuits se disputent régulièrement le titre de meilleurs vins rouges de France avec le Médoc – les meilleurs du monde ira-t-on même jusqu’à dire avec un léger chauvinisme. Partons à la découverte de la région que l’on appelle « les champs Elysées de la Bourgogne ».
La légende de la Côte de Nuits
Comme une grande partie de la Bourgogne viticole, la Côte de Nuits a vu le jour au Moyen Âge, avec l’arrivée des moines dans les abbayes de Saint-Vivant et de Cîteaux. Ils ont progressivement introduit de nouvelles techniques de viticulture et de vinification avec, notamment un important travail des sols et de la vigne, tradition qui se perpétue, encore aujourd’hui, en Côte de Nuits et en Côte de Beaune. Les futurs grands crus de Bourgogne voient alors le jour – mais il faut attendre le XXème siècle pour qu’ils aient le statut de grand cru. Les clos Vougeot, Romanée-Conti et consorts connaissent un succès tonitruant dans toutes les cours royales européennes et donnent du pouvoir aux ducs de Bourgogne, qui, en retour, accordent beaucoup d’importance et de privilèges à la vigne et à ceux qui la cultivent.
La Révolution française change quelque peu la donne en confisquant les biens de la noblesse et du clergé mais, la tradition d’excellence des vins de Bourgogne reste inchangée. Résultat, les rouges de la Côte de Nuits ont traversé le dernier millénaire, confortablement installés au firmament des vins français. Aujourd’hui, il n’est pas rare que la faible production des crus les plus renommés s’arrache pour des centaines, voire des milliers d’euros. La bouteille la plus chère au monde est, en effet, une Romanée-Conti datant 1945, adjugée à 558 000$ en 2018.
La fabrique de l’excellence : les climats de la Côte de Nuits
Bernard Pivot résume la viticulture bourguignonne en une phrase : « En Bourgogne, quand on parle d’un Climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre ». Tout est dit, l’excellence des vins de la Côte de Nuits vient du sol. La vigne est plantée sur des sols à majorité calcaire, mais dont la composition peut changer du tout au tout entre deux parcelles. Au de la pauvreté nutritionnelle de la terre, elle puise toute son énergie dans ses racines profondes – d’où l’importance des vieilles vignes qui ont eu le temps de descendre jusqu’à une dizaine de mètres dans les sous-sols. Le pinot noir est particulièrement adapté à ces sols calcaires, drainés par des cailloutis en surface de sorte à ne pas enrichir les sols.
Une classification des parcelles, plus tard connue sous le nom de climats, a alors progressivement vu le jour. D’abord informelle, elle est entérinée par l’INAO dans les années 1930. Au total, 24 grands crus sont consacrés, ainsi que plusieurs dizaines de premiers crus. La production viticole de la Côte de Nuits se structure donc en quatre niveaux : les grands crus, les premiers crus, les villages, et les régionaux. Les villages font de Marsannay au Nord à Nuits-Saint-Georges au Sud tandis que les appellations régionales incluent les Hautes Côtes de Nuits et les Côtes de Nuits Villages.
Les Hautes Côtes de Nuits sont issues de vignes plantées en hauts de coteaux, sur des terroirs supposément inférieurs aux autres – bien que l’on y trouve de superbes vins à très bon rapport prix-plaisir. Les Côtes de Nuits Villages sont réservées à quelques villages moins renommés en bordure de la région.
Ceux qui ont fait la Côte de Nuits moderne
Les vignerons sont donc tels des artistes qui ont à leur disposition une palette infinie de couleurs pour réaliser leurs vins. Ils ont donc inscrit leurs noms dans l’histoire pour leur interprétation inouïe de ces terroirs. Le domaine de la Romanée-Conti est peut-être le plus célèbre de la bande. Propriétaire de vignes sur pas moins de sept grands crus dont deux, la Romanée-Conti et la Tâche, sont en monopoles. On peut également citer Armand Rousseau dont le Chambertin figure dans le peloton de tête des vins bourguignons, ou encore le Comte de Vogüé qui a donné toutes ses lettres de noblesse au Musigny.
La Romanée-Conti, la Tâche, le Chambertin et le Musigny sont en fait les quatre crus les plus renommés de la Côte de Nuits, et rares sont ceux qui ont eu le privilège de s’en délecter. Pour des grands crus plus abordables, on se dirigera plus sur le Clos de Vougeot ou les autres grands crus de Gevrey-Chambertin. Certains premiers crus sont quant à eux largement au niveau des grands crus comme le Clos Saint-Jacques à Gevrey-Chambertin ou les Amoureuses à Chambolle-Musigny.
Mais, pour des vins plus adaptés à une consommation de tous les jours, on peut se référer à des villages moins côtés (Marsannay ou Fixin par exemple), voire sur des Hautes Côtes de Nuits de bons vignerons.