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Le début de la côte de Nuits
Fixin, comme Marsannay quelques kilomètres plus au Nord, fait partie des appellations bourguignonnes encore méconnues du grand public où l’on trouve de superbes rapports prix plaisir en termes de vins. Même s’il est loin du cœur de la côte de Nuits et de ses grands crus, le village a de superbes terroirs qui attirent de grands vignerons et produisent de magnifiques rouges, et quelques blancs.
Le village, en lui-même, est la preuve que l’on est ici dans la grande Bourgogne et tout ce que l’on lui connait de sublime. De l’église Saint-Antoine, qui date du Xème siècle, à la statue du Réveil de Napoléon, taillée par François Rude en 1850 sur commande de Napoléon III, la balade vaut le détour.
Mais, le village doit encore gagner en notoriété car les villages excentrés de la Côte de Nuits sont longtemps restés dans l’ombre des grands noms comme Gevrey-Chambertin ou Vosne Romanée. L’Institut National des Appellations d’Origine (INAO) a dès lors décidé de laisser aux vignerons de ces villages la possibilité soit de se regrouper sous une nouvelle appellation, Côte de Nuits Villages, soit de garder leur AOC telle quel. C’est une décision propre à chaque producteur au moment de l’étiquetage.
Un terroir de rouges
Sur les 102 hectares de l’appellation, 96 sont plantés en Pinot noir et 6 sont plantés en Chardonnay, les deux cépages rois de la Bourgogne. On retrouve, dans la répartition des cépages, les marqueurs de la Côte de Nuits, à savoir une production de rouge dominante. La raison ce déséquilibre vient du sol : les côteaux, allant de Marsannay à Nuits-Saint-Georges et Corgoloin, sont calcaires – alors qu’ils sont plus argileux sur la côte de Beaune. Et, comme le Pinot Noir s’épanouit sur des sols calcaires et dans les conditions météorologiques bourguignonnes, il s’est donc logiquement imposé sur cette partie-là du vignoble. Les quelques pieds de Chardonnay plantés à Fixin reposent sur les rares parcelles argilo-calcaires.
On retrouve six climats classés au rang de premier cru à Fixin. Ils sont tous rassemblés sur la partie haute des côteaux du village, entre 350 et 380 mètres d’altitude. Avec leur exposition plein Est, ils bénéficient d’un ensoleillement matinal et ne souffrent pas outre mesure de la sécheresse estivale. On retrouve toute l’influence monastique dans ces premiers crus avec les clos, construits par les moines de l’abbaye de Cîteaux qui venaient souvent à Fixin pour une cure de plein-air. On a même un Clos du Chapitre, faisant référence à la réunion du chapitre des frères cisterciens.
De grands vins de gastronomie
On l’aura compris, Fixin rassemble toutes les qualités d’une terre de grands vins. De grands vignerons de Fixin s’y sont donc rassemblés pour les produire et faire du village un grand terroir. Parmi eux, on peut citer les domaines Méo-Camuzet, Bart, ou encore Mongeard-Mugneret qui œuvrent à faire gagner de la visibilité à Fixin, pour que des vignerons moins connus puissent faire connaître leurs vins.
A la dégustation des rouges, on sent bien que l’on est ici au Nord de la Bourgogne avec des vins très frais, porteurs d’une certaine acidité, signe de sa capacité de garde. On parle même de « vins d’hiver » pour décrire les Fixin tant ils besoin de passer quelques saisons en cave avant de révéler tout leur potentiel. Une fois ouvert, on est face à un vin au rouge brillant et aux reflets violacés. Après avoir senti le bouchon pour éviter les mauvaises surprises, on ressent un besoin de se plonger dans le verre tant les arômes sont prenants. Un équilibre entre des notes florales, de pivoine et de violette, et une trame fruitée, sur les fruits noirs comme le cassis, la griotte voire la cerise noire, s’installe dans les premières années du vin. En bouche, il sera assez serré, austère dans ses premières années avec des tanins puissants.
La clé est donc de l’oublier quelques années en cave. Se faisant, on laisse lui laisse le temps de se parfaire, d’atteindre son apogée. Il sera déjà plus agréable à la dégustation avec des tanins fondus. Mais, plus important encore, il gagnera en complexité aromatique : aux notes florales et fruitées, qu’on lui trouvait dans ses jeunes années, viennent s’ajouter toute une gamme rappelant les parfums agréables de l’automne, les premières truffes, le gibier sur le coin du feu…
Il ne nous reste désormais qu’une seule interrogation, que faire avec un tel vin ? Mettons donc le couvert pour un pigeon rôti sur un Fixin jeune, un bœuf Wellington sur un Fixin vieux, ou bon bourguignon qui se mariera avec le vin à tous les âges. Pour le fromage, la proximité d’Epoisses est un bon indicateur du choix à faire, même si un Comté ou un Chaource satisfera mieux les palais les plus délicats