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« De Bellet, vous pouvez faire du ski de piste le matin et du ski nautique l’après-midi… puis vous ruiner au casino le soir » nous dit Jo Sergi, directeur du Clos Saint-Vincent, domaine phare de l’appellation Bellet. Partons à la découverte de cette appellation comme nulle autre !
Un trésor caché
L’arrière-pays niçois, paradis entre mer et colline, est une destination prisée de tous les amoureux de nature de France. Mais, quelques rares amateurs de vin le connaisse également comme un terroir d’où sont originaires de grands flacons. Il s’agit ici de Bellet, une vieille appellation – si ce n’est oubliée, qui surplombe Nice du haut de ses 200 mètres d’altitude. Au total, ce sont 58 hectares qui sont dispersés sur trois collines : Bellet, Crémat et Sacquier, le tout faisant partie de l’agglomération niçoise.
On est ici au cœur des Alpes Maritimes, entre les Alpes et la Méditerranée, les vents marins rencontrent la fraîcheur montagnarde, et créent un climat différent de celui de toutes les autres appellations provençales, voire françaises. Les sols sont aussi atypiques pour la Provence : un socle silico-calcaire sur lequel repose des galets roulés. Un terroir unique donc, que se partagent une poignée de vignerons dont la plupart ont fait le choix de l’agriculture biologique pour donner une image de leurs parcelles.
La vigne est implantée autour de Bellet depuis l’Antiquité, et s’est énormément développée après que Nice soit devenu une plateforme du commerce de vin au Moyen-Âge. Le hameau de Bellet a même été baptisé Bacchus (dieu romain de la vigne et du vin) pendant la Révolution. Bellet obtient le statut d’AOC en 1941, mais le vignoble ne s’est réellement relevé des crises viticoles du XIXème siècle et des guerres mondiales qu’à la fin des années 1940, grâce à l’influence des barons du château de Bellet.
Ils ont œuvré à la reconnaissance de la typicité des vins de leur appellation. Cette typicité, elle vient de leur terroir mais aussi de leur encépagement unique en son genre. Pour les blancs, couleur historique de Bellet, c’est le trio Rolle, nom provençal du Vermentino, Clairette et et Chardonnay qui s’impose. Pour les rosés et les rouges, Folle Noire et Braquet font la paire gagnante pour des vins reconnaissables entre milles.
Les vins de Bellet
Au total, moins de 100 000 bouteilles sont produites chaque année avec 42% de rouges, 23% de rosés et 35% de blancs. Pour les rouges, la Folle Noire est majoritaire, souvent complétée de Grenache Noir. Ils naissent d’un élevage long en barrique et présentent une aromatique sur les fruits rouges comme la griotte ou le cassis, auquel vient s’ajouter des notes légèrement épicées et florales. Le tout est marqué par de jolies notes cacaotées apportées par le type d’élevage.
Le Braquet est la star des rosés de Bellet à laquelle viennent se mêler Grenache et Cinsault. Résultat, des rosés vineux, très différents des classiques des côtes de Provence. Cette forte personnalité s’exprime au travers d’une trame de soupe de fraise et d’aromates comme le basilic ou la menthe fraîche. De la texture et du goût, un grand rosé de gastronomie !
L’assemblage du Chardonnay et des cépages provençaux (Clairette et Rolle) donne des blancs entre Bourgogne et Méditerranée. On se sent en pays niçois avec ses jolies notes de citron de Menton et d’autres agrumes comme le pamplemousse ou la bergamote. On retrouve aussi une trame florale qui nous rappelle la présence de Chardonnay dans l’assemblage. De la fraîcheur et du gras en bouche, et une finale saline qui nous rappelle la proximité de la mer.
Bellet à table
On l’aura compris, Bellet produit de grands vins de gastronomie qui sont malheureusement inconnus d’énormément d’amateurs. Les rosés sont parfaits pour accompagner des plats estivaux comme une salade niçoise, une pissaladière, un tian de légumes ou encore une ratatouille. La gourmandise du vin et ses aromatiques provençales seront superbes sur ces plats locaux, ancrés dans la tradition locale. Si vous cherchez des plats plus fins, optez pour des accords avec des mets comme le rouget ou le saumon, accompagnés de quelques légumes provençaux cuits et crus. De manière générale, si vous êtes dans le doute pour vos accords met-vin, des accords de couleur sont souvent recommandés pour sublimer vos plats.
Les blancs iront à merveille à une cuisine de la mer aux accents méditerranéens, une dorade farcie au fenouil ou un bar aux agrumes – ou loup de mer comme on dit dans le coin. Pourquoi ne pas partir accompagner vos fromages de chèvre et de brebis provençaux de vos blancs de Bellet. Un bon banon ou une tomme de l’Ubaye leur iront à merveille.
Enfin, pour les rouges, choisissez des plats de caractère, comme la daube niçoise, variante locale de la traditionnelle daube provençale à laquelle on vient ajouter des cèpes. Autres options, une généreuse pièce de bœuf accompagnée d’une sauce aux anchois ou encore un civet de gibier.