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Causé en grande partie par l’activité humaine, le réchauffement climatique peut avoir un impact conséquent sur notre planète et nos vies. Selon le GIEC, une augmentation dépassant la limite des 2° supplémentaires aurait des impacts irréversibles sur notre écosystème.
Concrètement, sur les vignes, le réchauffement climatique pourrait changer à jamais les fonctionnements, les rendements, les goûts et même la localisation de certaines régions viticoles.
L’impact du changement climatique sur le vin
Une augmentation de plus de 2° de la température sur Terre détruirait 51% à 56% des régions viticoles du monde, à cause d’un climat trop aride et d’un manque d’eau (on arrive à 85% pour un réchauffement de 4°). Le raisin est malheureusement un fruit très sensible aux changements de température. Parmi les premières régions détruites, on compterait l’Espagne, l’Italie ou l’Australie.
Par ailleurs, le dérèglement climatique entraînerait une hausse des incidents météorologiques comme une hausse des incendies dans les régions chaudes comme le sud de la France, l’Australie ou la Californie. Un risque de hausse des vents violents est également prévisible (ces vents causent les départs des incendies et les attisent). Ces dernières années, des incendies ont déjà détruit de nombreux vignobles en Californie et en Australie.
Quels changements adopter ?
L’Institut National de recherche pour l’agriculture (INRA) a récemment proposé des solutions pour sauver les vignobles des conséquences du réchauffement climatique.
Tout d’abord, remplacer les cépages actuels par d’autres cépages plus résistants permettrait d’éviter la moitié des pertes en cas d’augmentation de 2° de la température terrestre (et un tiers en cas d’augmentation de 4°). Des études ont ainsi été menées sur plus de 1100 cépages aujourd’hui cultivés afin de déterminer quels sont les climats et les régions dans lesquels ils s’épanouissent le mieux. Les chercheurs ont retenu les 11 cépages les plus plantés : le cabernet sauvignon, le chasselas, le chardonnay, le grenache, le merlot, le mourvèdre, le pinot noir, le riesling, le sauvignon blanc, la syrah et l’ugni blanc. L’étude approfondie de ces cépages a permis de déterminer un modèle mathématique prédisant les évolutions de cépages en fonction des trois cas de figures (pas de réchauffement, +2°, +4°). Ils en ont conclu que l’on pouvait remplacer certains cépages pour sauver de nombreux vignobles. Par exemple, le Grenache et le Mourvèdre (Pays d’Oc) pourraient remplacer le Merlot (Bordelais). En Alsace, le Riesling pourrait être remplacer par l’Ugni blanc (Méditerrannée, Cognac et Armagnac).
Par ailleurs, le manque d’eau et les changements brutaux de température impactent l’équilibre entre le sucre et l’acidité du raisin et donc les arômes présents dans le vin. Un vin rouge aujourd’hui tannique pourrait devenir un vin fruité et aromatique.
La chaptalisation, pratique consistant à ajouter du sucre pour augmenter le niveau d’alcool d’un jus produit par des raisins pas assez fermentés dans une région trop froide, serait elle aussi une méthode désuète. C’est éventuellement une bonne nouvelle pour les vins qui nécessitent une chaptalisation, mais le réchauffement peut surtout rendre les vins trop alcooleux. Certaines techniques permettent de baisser le niveau d’alcool du vin, mais elles sont coûteuses et surtout, elles changent la typicité du vin et donc cela conduirait à produire des vins qui ne sont plus représentatifs de leurs terroirs d’origine.
Lors de la dégustation, comme les vins seront plus tanniques du fait du surplus d’alcool, le carafage devra se faire encore plus en amont de sorte à ce que le jus soit appréciable.
Un avenir envisageable pour nos vignes ?
Un vin, c’est avant tout le produit d’un terroir. Le terroir étant composé des sols, de la plante et du climat, avec une importance du climat étant évaluée aux alentours de 50%, on en déduit que ce sont la vigne et les terroirs qui seront impactés par le réchauffement climatique.
D’abord, des changements juridiques et législatifs auront lieu au sujet des IGP et AOC et des différentes variétés cultivées. Cela a un impact au niveau du producteur qui devra faire des démarches, mais également au niveau du consommateur qui devra s’acclimater (sans mauvais jeu de mots) aux changements d’appellation et changer ses habitudes.
Ensuite, on devra s’attendre à un changement de la situation des régions viticoles par rapport aux pôles. Concrètement, ces dernières se rapprocheront en moyenne de 1000 km vers les pôles. Certaines régions deviendront cultivables alors que d’autres deviendront trop arides pour y faire pousser des vignes. La montée des eaux risque également de menacer les vignobles en bord de mer.
D’autre part, certaines régions comme l’Angleterre ou le Danemark sont des nouvelles régions viticoles en émergence. On remarque même que les vignes s’y multiplient, le Danemark a même sa propre AOC pour la région du Jutland.
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