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Lorsque l’on déguste un vin, il arrive très souvent que l’on voit le mot « minéral » apparaitre dans la discussion. Ce terme qualifie un vin de la même manière que les termes « fruité », « souple » ou « charpenté ». Mais la notion de minéralité est encore mal définie et il n’est pas évident d’en expliquer avec précision les fondements ou le caractère. Il existe cependant des pistes et des avis qui permettent de décrire ce qu’est la minéralité et nous allons en partager quelques-uns aujourd’hui.
Définir la minéralité d’un vin
La « minéralité » d’un vin. Voilà un concept difficile à décrire et qui ne met pas tout le monde d’accord. En effet, au sein de la grande famille des dégustateurs et amateurs de vin, l’emploi du mot « minéral » créé depuis quelques années de nombreux débats dont on attend toujours l’issue.
Il faut dire que la « minéralité » est un aspect beaucoup plus intime et subjectif que certains autres bien connus du vin. Elle traduit une sensation que le dégustateur perçoit en sentant ou en goutant en vin, et sur laquelle il essaye de mettre des mots. Mais cette perception se veut très personnelle et ne se traduit pas par un vocabulaire bien établi comme c’est le cas pour les autres marqueurs d’une dégustation : le fruité ou le floral par exemple.
Le plus souvent, dire qu’un vin est « minéral » revient à dire que l’on perçoit au nez des arômes se rapportant à la famille des éléments minéraux du sol, comme le silex, la pierre à fusil, le graphite ou la craie par exemple. Il est cependant difficile de décrire précisément les notes qui nous parviennent, car nous ne possédons pas vraiment de référentiel dans cette famille d’arômes. Par exemple, lorsque l’on parle de « pierre à fusil », on pense à l’odeur qui se dégagerait si l’on frottait deux silex entre eux. Mais qui a déjà frotté deux silex et réellement identifié l’odeur qui s’en dégage ?
« Minéral » traduit également, et le plus souvent, une sensation en bouche se rapportant à une sorte de vibration ou une petite électrisation. Certains disent que c’est la sensation que l’on pourrait ressentir si on « suçait des cailloux ». Or, comme pour la pierre à fusil, qui a déjà réellement sucé des cailloux ?
Cela montre bien que l’emploi du mot « minéral » est très subjectif et qu’il se réfère à des sensations plus qu’à des marqueurs avérés du vin (comme les arômes de fruits, ou de fleurs, sur lesquels tout le monde s’accorde). Une manière un peu plus simple d’aborder la minéralité est de l’associer à la notion de salinité. Cette dernière amène souvent le dégustateur à saliver, et la plupart du temps, minéralité et salinité (et donc la sensation de saliver) sont liées.
On se demande aussi beaucoup d’où proviennent ces éléments minéraux se dégageant du vin. Beaucoup affirment qu’il existe un fort lien entre le sol sur lequel le raisin a poussé et le vin qui en résulte. Cette vision se vérifie dans de nombreux cas, où les vins sont caractérisés comme « minéraux » et proviennent de sols à forte typicité minérale comme la craie ou les marnes calcaires.
Quelques exemples de vins minéraux
Lorsque l’on parle de vin minéral, la majeure partie du temps nous faisons référence à des vins blancs. Attention, il existe aussi des vins rouges que l’on peut qualifier de minéraux. Mais l’adjectif est le plus souvent utilisé sur des vins blancs car ces derniers, en plus d’être issus de raisins ayant poussés sur des sols typés, sont généralement élaborés à partir de cépages qui semblent donner facilement un caractère minéral au vin.
Voici quelques exemples :
Le Chablis : ce vin blanc très connu du Nord de la Bourgogne est élaboré à partir du cépage Chardonnay que les vignerons cultivent sur un sol très spécifique qui fait la fierté de la région : les marnes kimméridgiennes. Ce sous-sol, le kimméridgien, date du jurassique et se traduit par un empilement de couches de marnes et de calcaires remplis de petits fossiles, assimilés à de petites coquilles d’huîtres. C’est ce sol, très minéral, qui confère aux Chablis leur caractère sec, vif et… minéral.
Le Sancerre : cette superbe région de la Vallée de la Loire est caractérisée par trois types de sols. Les « terres blanches » qui sont en fait les marnes kimméridgiennes, semblables à celles de Chablis. Les « caillottes », des roches très pierreuses aux gros éclats de calcaire blanc. Et les terres argilo-siliceuses, dans lesquelles on retrouve une belle proportion de silex. C’est surtout sur ces dernières que l’on trouve des vins marqués par la minéralité. Les vins blancs issus du Sauvignon ayant poussé sur ces sols chargés de silex sont réputés, en blancs comme en rouges, pour leur profil tendu, sec et vibrant.
Le Riesling : ce cépage est probablement le plus connu d’Alsace. C’est d’ailleurs le plus ancien de la région. Aux côtés du Chenin, du Chardonnay ou du Sauvignon dans les autres régions, le Riesling fait partie des principaux cépages donnant régulièrement des vins au caractère minéral. Selon le sol sur lequel il est cultivé, le Riesling dégage des arômes de pierre à fusil et « pétrolés » très typiques.
Pour réussir à définir la « minéralité » d’un vin, le mieux reste de continuer à déguster et d’échanger avec d’autres amateurs de vin afin d’essayer de déterminer au mieux ce que représente pour chacun le mot « minéral ».