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« Appellation d’Origine Contrôlée » : qui n’a pas jamais lu cette mention sur une étiquette de vin ? Même si cette désignation nous est souvent familière, savons-nous vraiment ce qu’elle signifie ?
Petite histoire des appellations en France
La France est aujourd’hui un modèle lorsqu’il s’agit de la mise en place d’un encadrement pour l’élaboration de ses vins. Pourtant, le concept d’appellation tel que nous le connaissons aujourd’hui n’a pas toujours existé. Il n’est apparu que tardivement, au début du 20ème siècle, dans le but de contrer la fraude qui prenait alors une place grandissante sur le marché vinicole.
En 1905, une loi lance les prémices des Appellations d’Origine, mais ce n’est qu’en 1935 qu’un décret-loi « relatif à la défense du marché des vins et régime économique de l’alcool » créé l’Appellation d’Origine Contrôlée, s’appliquant alors aux vins et eaux-de-vie. Les premières AOC viticoles françaises naissent le 15 mai 1936 : AOC Arbois (Jura), Cassis (Provence), Châteauneuf-du Pape (Rhône), Monbazillac (Sud-Ouest) et Tavel (Rhône). Au total, ce seront 76 nouvelles AOC viticoles qui verront le jour en 1936.
Aujourd’hui, la France compte 362 Appellations d’Origine Contrôlée vinicoles ainsi que 75 IGP (Indication Géographique Protégée).
Une Appellation d’Origine Contrôlée : c’est quoi ?
Une AOC, ou appellation d’origine contrôlée, désigne « un produit dont toutes les étapes de production sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même aire géographique, qui donne ses caractéristiques au produit ». Ce sigle français fait appel à la notion de terroir.
Depuis 2009, les AOC ont laissé la place aux AOP : les Appellations d’Origine Protégées. Cette désignation est reconnue au niveau européen, alors que l’AOC protège la dénomination seulement sur le territoire français. Aujourd’hui, un vin souhaitant obtenir une AOP devra d’abord obtenir l’AOC. Il pourra cependant encore communiquer via les termes « appellation d’origine contrôlée » s’il le souhaite, contrairement aux autres produits agricoles qui sont eux dans l’obligation de mentionner « appellation d’origine protégée ».
Afin d’obtenir une AOC/AOP, un producteur doit en faire la demande puis être en mesure de répondre à un cahier des charges précis, que ce soit au niveau de ses vignes, de sa vinification, de son élevage ou de son embouteillage. Les appellations sont délivrées par un organisme public, l’INAO, l’Institut National de l’Origine et de la Qualité, qui est chargé de reconnaître et de défendre les critères nécessaires à l’obtention de l’appellation.
Un vin possédant une AOC/AOP garantit plusieurs éléments au consommateur. Elle assure que le produit a été élaboré dans une zone géographique délimitée en respectant certains rendements imposés par l’appellation. Elle impose l’utilisation de certains cépages en fonction des régions viticoles, ainsi qu’un certain degré d’alcool. De plus, elle assure l’application de méthodes de culture et de vinification garantissant un bon niveau de qualité au vin.
Il est important de noter qu’une appellation encadre la production d’un vin, mais ne garantit en aucun cas ses qualités gustatives.
Les appellations de Bourgogne
Toutes les régions viticoles de France possèdent des appellations. Certains territoires possèdent cependant des systèmes plus riches et plus complexes que d’autres. La Bourgogne par exemple, compte à elle seule 84 appellations qui reposent sur une hiérarchisation en 4 niveaux.
On retrouve donc, de la plus généraliste à la plus pointue, les appellations suivantes :
-Appellations régionales : il y en a 6 (Bourgogne, Crémant de Bourgogne etc). Elles représentent la plus grosse production de vin de la région. Ces derniers peuvent être produits à partir de raisins cultivés à travers toute la Bourgogne.
-Appellations communales : plus qualitatives que les régionales, elles sont parfois appelées « AOC Villages » et regroupent les vins issus des vignes cultivées sur les communes dont ils portent le nom. Il en existe 44.
-Premiers Crus : des parcelles de vignes délimitées, classées pour leur qualité de terroir. Ils viennent en complément des appellations communales. Il existe 640 climats (parcelles de vignes) classés Premiers Crus.
-Grands Crus : appellation la plus prestigieuse de Bourgogne, au sommet de la pyramide, les Grands Crus ne représentent que 1% de la production de la région et sont constitués des meilleurs climats du territoire.
Les appellations de Bordeaux
On retrouve un peu ce système de hiérarchisation dans le vignoble bordelais, lui aussi très riche en appellations.
Là aussi, des vins blancs, rouges ou rosés sont produits sous des appellations régionales, à partir de raisins cultivés à travers tout le vignoble de Bordeaux. On les découvre sous le nom de AOC Bordeaux, AOC Bordeaux Supérieur ou Crémant de Bordeaux (pour les effervescents).
Les appellations communales encadrent quant à elles la production de vins sur une ou plusieurs communes, toujours dans le respect d’un cahier des charges précis. Les vins de ces AOC sont souvent considérés comme plus qualitatifs. Il y a les appellations de la rive gauche : Pauillac, Margaux, Listrac, Sauternes ou Pessac-Léognan, et celles de la rive droite : Saint-Emilion, Pomerol, Lalande-de Pomerol, Blaye etc (liste non-exhaustive).
Le système d’appellations en France est très présent, et permet d’orienter les amateurs de vin dans leurs choix. Il existe cependant plusieurs autres catégories de vins, bénéficiant de ce qu’on appelle des Indications Géographiques, comme les IGP (Indication Géographique Protégée) par exemple, qui elles aussi, de manière moins stricte, encadrent la production de certains vins.
@ Illustration : Twil