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Lorsqu’il s’agit de choisir un vin, plusieurs facteurs sont à prendre en compte : l’appellation, les cépages, mais aussi, et surtout, le millésime. Particulièrement pour le vignoble du bordelais où la météo, changeante et incertaine, peut influencer les vins et les rendre très disparates d’une année sur l’autre.
Comment le millésime influence-t-il le vin ?
Avant de s’intéresser aux années qui ont marqué l’histoire des vins de Bordeaux, il peut être bon de rappeler comment et pourquoi un millésime peut autant varier.
La grande responsable, c’est la météo. En effet, les variations météorologiques durant l’année vont jouer un rôle prépondérant sur le cycle de la vigne, ses raisins et donc, sur le vin final. Rappelons que la vigne passe par deux grandes phases durant l’année : l’hiver où elle est en dormance, et le printemps/été où elle est en phase végétative. C’est entre les mois d’avril et d’octobre que l’influence des pluies, du soleil ou de la chaleur vont être très importantes.
Si le cycle végétatif de la vigne est perturbé, alors les vignerons devront composer avec des baies de raisins qui n’auront pas forcément atteint leur maturité optimale, ayant contracté des maladies ou auront tout simplement séchés.
Par exemple, si au cours de l’année le soleil se fait trop timide, les raisins manqueront de sucre et d’acidité, ce qui posera problème lors de la vinification, pour la fermentation alcoolique par exemple (où les sucres du raisin se transforment en alcool). Autre biais possible : des précipitations trop importantes qui entraineraient une dilution des jus des baies et donneraient un raisin moins concentré. Dernier exemple : un manque de chaleur durant l’année, empêcherait le raisin de bien mûrir ce qui le laisserait chargé d’amertume.
Les meilleures années pour un Bordeaux rouge
Le vignoble bordelais connait depuis des décennies une alternance entre années remarquables et années avec moins d’intérêt. Les variations météorologiques d’une année sur l’autre laissent peser une incertitude régulière sur le devenir des raisins présents dans les vignes. Cependant, certains millésimes sont considérés comme exceptionnels.
Voici un petit guide des meilleures années dans le vignoble du bordelais.
2015 et 2016 : les meilleurs millésimes récents
2016 est probablement le dernier plus grand millésime que Bordeaux ait connu. Pourtant, l’année fut encombrée d’aléas climatiques qui ont souvent laissé planer le doute sur le résultat final. Après une première moitié d’année très humide, trop humide, qui inquiète et expose la vigne aux maladies comme le mildiou, un été très sec arrive, laissant présager de bonnes choses pour compenser cet excès d’eau. Mais la sécheresse dure plusieurs mois, et c’est alors l’inquiétude inverse qui s’installe : la vigne va-t-elle résister à tant de chaleur et si peu d’eau ? Heureusement, quelques bonnes pluies en septembre permettent au vignoble de revivre un peu et permet aux raisins de continuer leur maturité.
Au final, c’est un millésime exceptionnel qui attend les vignerons. Les appellations de la rive gauche enchainent alors l’une de leur meilleure production après 2015, déjà très grand millésime. Les vins sont riches en fruit et présentent des tanins ronds. Ils sont élégants et trouvent un parfait équilibre entre un alcool modéré et une acidité présente mais tout en finesse.
2015 commence mieux que 2016, avec un printemps magnifique mais enchaine sur une période où l’eau se fait rare pendant plusieurs mois et où les risques de sécheresse deviennent sérieux. Les raisins murissent plus vite qu’à l’accoutumée et le rythme de la vigne est bouleversé. Rarement la pluie a été aussi attendue qu’en ce mois d’août 2015. Elle arrive finalement et la période des vendanges se lance sans encombre.
2015 se distingue particulièrement à Margaux, ainsi que dans les Graves et dans le Libournais, mais représente une réussite générale dans toute la région, rouges et blancs confondus. Les tanins sont souples, le fruit bien présent, parfois un peu riche en alcool.
2009 : l’année inégalable
Autre très grand millésime contemporain à Bordeaux : 2009. Remarquable équilibre entre les trois composantes qui qualifient un grand vin : l’alcool, l’acidité et les tanins. Mais cette année-là ce ne sont pas seulement les vins rouges qui sont exceptionnels, mais aussi les vins blancs et les vins blancs doux. Tout le vignoble bordelais bénéficie d’une météo clémente qui assure une belle maturité des baies et une belle concentration des arômes.
On associe souvent le millésime 2010 à 2009. On parle, comme pour 2015 et 2016, d’un couple d’années exceptionnelles, hors du commun. L’enthousiasme autour de 2010 serait cependant à modérer car, même si de très nombreux vignerons, oenologues ou consultants affirmaient à l’époque que cette année suivait la même voie que 2009, elle fut réellement très inégale et gérée de manière très maladroite par certains domaines, amenant les vins à présenter des tanins très durs, difficiles à patiner, même avec le temps.
L’on pourrait continuer de remonter le temps sur plusieurs dizaines d’années tant le vignoble bordelais a connu de beaux millésimes. Retenons qu’à Bordeaux, les meilleurs vins rouges furent produits dans les années suivantes : 1982, 1985, 1986, 1990, 1995, 2000, 2005
Les meilleures années pour un Bordeaux blanc
Les années 2016, 2015, 2010 et 2009 ont été des années exceptionnelles pour tous les vins du vignoble bordelais. Cependant, les vins blancs se sont particulièrement distingués dans certains millésimes. Voici un petit tour d’horizon :
2010 : superbe année pour les vins doux de la région du sauternais. Comme pour les vins rouges, 2009 fut déjà une très belle année, mais on retrouve dans les 2010 une finesse supplémentaire qui affirme l’étoffe des très grands vins. L’équilibre entre acidité et richesse est particulièrement bien maîtrisé.
Les vins blancs secs aussi connaissent une très belle année en 2010. Sur un profil axé sur l’élégance et la fraîcheur aromatique, ils se distinguent sur les grands châteaux de Pessac-Léognan et dans les Graves.
Autre millésime remarquable, devenu presque iconique : 2001. Pour les vins liquoreux, c’est l’apothéose. Les conditions climatiques sont idéales pour générer la fameuse pourriture noble qui est recherchée par la plupart des vignerons du secteur. En résulte des vins d’une opulence rare taillés pour la garde.
Plus tôt dans le siècle, plusieurs années font la part belle aux vins blancs de Bordeaux : 1982, 1986, 1988, 1989, 1990, 1995, 1996, 2000
Découvrez notre guide complet des millésimes.