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Depuis plusieurs années, les prix des vins de Bourgogne s’envolent. Cette région viticole si riche et dense en vins d’exception est devenue presque inaccessible pour la majorité des amateurs de Pinot Noir et de Chardonnay. Ils assistent impuissants à une flambée des prix qui ne semble pas être sur le point de s’arrêter. Mais pourquoi les vins de Bourgogne sont-ils devenus si chers ?
L’amélioration de la qualité des vins
L’une des premières raisons qui pourraient être mise en avant est l’évolution qualitative des vins bourguignons. En effet, au cours des quinze dernières années, on assiste à une progression générale sur les vins produits, qui s’explique entre autres par une baisse généralisée des rendements et une meilleure gestion des récoltes à maturité.
Autre dimension importante à prendre en compte : la taille du vignoble bourguignon. Représentant à peine 1% du vignoble mondial, et seulement 3% du vignoble français, la Bourgogne n’est en mesure de fournir que de très petites quantités de vins. Et face à une demande qui ne cesse d’augmenter, les vins deviennent des biens rares et les prix s’envolent.
Aujourd’hui, la plupart des amateurs de vins bourguignons ne sont pas en mesure de s’offrir des bouteilles de leurs domaines préférés. Les AOC communales, les premiers crus et les grands crus sont devenus inaccessibles à la plupart de la population, ainsi qu’aux habitants bourguignons eux-mêmes qui ne peuvent plus acheter les grands « vins locaux ».
L’augmentation de la demande internationale
L’engouement qui règne autour des vins bourguignons s’étend d’ailleurs depuis une bonne décennie à l’international. La demande étrangère, et particulièrement asiatique, joue un rôle important dans la flambée des prix. Des dizaines, des centaines de particuliers ou professionnels très riches ont rivés leurs yeux sur la petite région viticole aux très grands vins, et leur demande ne cesse d’augmenter. Seulement, la production, elle, n’augmente pas.
Rappelons que le vignoble bourguignon a la particularité de réunir de très nombreux vignerons qui possèdent de très petites parcelles de vignes, très souvent morcelées et réparties à travers le territoire. Certains considèrent d’ailleurs la Bourgogne comme un « vignoble haute couture ».
Les vins deviennent petit à petit des produits tendances et recherchés, voire de luxe et de spéculation. Beaucoup ne sont plus destinés à être dégustés, mais à être collectionnés. Certaines ventes atteignent des montants indescriptibles. C’est le cas de la vente aux enchères de 2017, où un jéroboam de Romanée-Conti 1999 fût vendu plus de 75 000€.
Le prix du foncier bourguignon élevé
A l’heure actuelle, outre certaines ventes aux enchères qui prennent des proportions hors du commun, c’est le prix des bouteilles « classiques » qui augmente également. Les bourgognes génériques, issus d’appellations régionales, voient eux-aussi leurs prix augmenter petit à petit. Heureusement, ces augmentations sont encore loin d’égaler les évolutions de prix atteints par les AOC communales, les premiers crus ou les grands crus.
Les récentes ventes de domaines viticoles ou de parcelles ultra-qualitatives ont entraîné une montée du prix des terres viticoles jusque-là jamais vue. Aujourd’hui, ce sont de grands groupes financiers qui se positionnent sur le rachat de certains climats très réputés en investissant des millions d’euros pour quelques dizaines d’hectares.
On pense notamment à l’acquisition des 7,5 hectares du Clos de Tart en 2017 par Artémis, une société appartenant à François Pinault (fondateur du groupe de luxe Kering), pour un montant de 280 millions d’euros.
Et ces transactions foncières inquiètent. Certains voisins voient le prix de leur terre grimper et anticipent les difficultés financières qui les attendent lorsque les questions de succession et d’héritage se poseront dans leur domaine familial. Face à ce constat et cette fatalité, ils augmentent le prix de leurs bouteilles.
Les aléas climatiques
Dernier élément à prendre en compte dans la montée des prix des vins bourguignons, mais pourtant pas des moindres : les différents problèmes climatiques survenus dans le vignoble ces dernières années.
Comme beaucoup, la Bourgogne souffre régulièrement de la météo changeante et fragile qui règne sur la France. Particulièrement sujet aux gelées printanières, le vignoble bourguignon a traversé de nombreux épisodes compliqués ces dernières années. Le gel de printemps touche les nouveaux bourgeons de la vigne, et met en péril la récolte de l’année. Heureusement, elle ne s’attaque pas à la souche de la plante, ce qui permet au vigneron de pouvoir reprendre ses récoltes l’année suivante.
Pour lutter contre le gel, les vignerons bourguignons mettent régulièrement en place des mesures variées : chaufferettes au fuel, aspersion d’eau, brassage d’air, bougies de paraffine, feu de paille dans les rangs de vigne…
Malgré tous ces efforts, les conséquences du gel peuvent être dramatiques : certains producteurs perdent parfois 70% voire 100% de leur récolte et n’ont pas forcément de stocks nécessaires pour pallier ce manque à gagner. Et si les rendements baissent, les coûts de production eux, restent fixes. Cette accumulation de facteurs amène souvent, inévitablement, à l’augmentation des prix de vente des vins.
La grêle mais aussi certaines maladies de la vigne comme le mildiou sont aussi de redoutables adversaires des vignes bourguignonnes.
Pour résumer, les vins de Bourgogne sont aujourd’hui devenus des produits rares, convoités et très à la mode. La demande est forte alors que la production reste faible (comparé à d’autres régions produisant de très gros volumes). Le prix des terres viticoles s’envole et les domaines sont de plus en plus rachetés par de grands groupes financiers qui en font des placements patrimoniaux, menaçant la survie des vignerons familiaux espérant perpétuer leur savoir-faire et le transmettre aux générations futures.
L’amélioration de la qualité des vins ainsi que l’évolution des techniques de production entraînent également une augmentation de la demande, et donc, des prix des vins.