Le Mourvèdre est un cépage caractéristique du Sud de la France dont la culture a presque complètement disparu à la fin du XIXème siècle suite à l’épidémie de phylloxera. Depuis les années cinquante, sa diffusion a repris dans certains vignobles du Sud comme la Provence ou le Languedoc. Jugé “sauvage”, ce cépage est apprécié pour la richesse des arômes qu’il apporte aux assemblages dans lesquels il est utilisé.
Le Mourvèdre est un cépage à l’histoire tumultueuse
Le Mourvèdre est un cépage noir dont la culture originelle se trouve en Espagne, plus particulièrement dans la région de Valence, au Sud de la Catalogne. En castillan, il prend le nom de « Monastrell » et s’impose comme l’un des cépages les plus populaire du pays. A ce titre il est le deuxième cépage noir le plus cultivé du pays, derrière le Grenache. En France, sa culture est moins importante. Néanmoins, avec 9200 hectares de vignes, il reste important dans les vignobles du Sud de la France.
La diffusion du Mourvèdre en France semble être liée, comme le Grenache, au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Les pèlerins, de retour d’Espagne, auraient introduit la culture du Mourvèdre dans le reste de l’Europe. En France, les premières traces de son utilisation remontent au XVIème siècle.
À la fin du XIXème siècle, le Mourvèdre est le cépage dominant dans le vignoble de Provence. Cependant, à partir des années 1860, la crise du phylloxera porte un coup d’arrêt à sa culture puisque la maladie ravage l’ensemble du vignoble français pendant près de 40 ans. Il est alors délaissé au profit de cépages dont le rendement est plus important et dont la greffe est plus facile. Pourtant, après la Seconde Guerre mondiale, le Mourvèdre reprend de l’importance sur le pourtour méditerranéen grâce à une montée en gamme dans la sélection des plants de vignes.
Le Mourvèdre est un cépage à la culture exigeante
Le Mourvèdre est un cépage noir. Il existe pourtant des Mourvèdre gris ou blancs mais leur culture n’est que très peu répandue. Ce cépage produit des grappes relativement grosses et compactes. Ses grains sont ronds, souvent de taille moyenne, et couverts de pruines. La pulpe de la baie est fondante et révèle une saveur âpre.
Pour porter du fruit, le plant de Mourvèdre a besoin d’une alimentation en eau peu abondante mais régulière, c’est pourquoi il se développe en priorité sur des sols argilo-calcaires profonds. Par ailleurs, le cycle phénologique du Mourvèdre est long et son débourrement est plutôt tardif. Il a donc besoin d’être cultivé sous un climat équilibré avec une exposition favorable. Il a également besoin de sols profonds puisqu’il craint la sécheresse. En automne, il doit bénéficier d’une importante chaleur afin d’assurer la maturité de ses tanins et une accumulation optimale des sucres.
Le Mourvèdre est essentiellement utilisé pour produire des vins rouges. En assemblage, il est souvent associé au Syrah et au Grenache auxquels il apporte une certaine complexité et un bon potentiel de garde. Il transmet aux vins des arômes de baies noires et d’épices. En vieillissant, il peut révéler des arômes de pruneaux et de fruits compotés.
La renaissance du mourvèdre
Depuis les années 1960, la culture du Mourvèdre reprend de l’importance dans les vignobles du Languedoc, de Provence et du Sud de la vallée du Rhône. En Provence, il est utilisé dans plusieurs Appellations d’Origine Contrôlée comme les Côtes-de-Provence ou les Côteaux-Varois. Il est aussi largement utilisé pour les vins de Bandol où, associé au Grenache, au Cinsault et accessoirement au Carignan et à la Syrah, il constitue au moins 50% des assemblages.
Dans la vallée du Rhône, le Mourvèdre doit son retour en grâce à l’action de Jacques Perrin, viticulteur du Château de Beaucastel, qui réintroduit sa culture dans la région de Châteauneuf-du-Pape dans les années 1950. Fort de cette réussite, le Mourvèdre s’est invité dans pratiquement toutes les appellations de la vallée du Rhône méridionale.
Enfin, en Languedoc-Roussillon, la culture du Mourvèdre est encore faible mais tend à s’étendre, notamment pour enrichir les assemblages d’autres cépages.
Le Mourvèdre donne des vins sauvages et épicés
Vinifié en rouge, le Mourvèdre produit généralement des vins à la robe très intense en raison de la puissance de ses pigments. Il se dégage généralement de ces vins des arômes empyreumatiques, tels que le poivre, la torréfaction ou le caramel. On peut également y noter des touches fleuries d’acacia et de vanille, mais aussi des parfums épicés de musc, de cannelle, de réglisse, de truffe ou de sous-bois. En bouche, les vins produits à partir de Mourvèdre sont connus pour avoir une assez faible acidité. Leur belle structure tannique leur donne une grande richesse d’arômes et une bonne aptitude au vieillissement. Les vins issus du Mourvèdre peuvent alors être jugés un peu trop rudes lorsqu’ils sont dégustés trop jeunes ; c’est pourquoi ils nécessitent d’être gardés plusieurs années afin de donner le temps aux tanins de s’adoucir. Néanmoins, il faut faire attention à ce que ces vins, pour être gardés, aient une teneur en alcool de 12% minimum.
Le Mourvèdre est considéré par certains comme un cépage sauvage en raison du goût particulièrement épicé des vins qu’il produit. Ceux-ci peuvent donc tout à fait être servis avec des plats relevés, généreux et riches en arômes. Ils sont très appropriés pour accompagner des plats de viande en sauce ou du gibier. Comme les vins de Mourvèdre sont généralement assez puissants, ils ne doivent pas être servis à des températures trop élevées. La bouteille peut être conservée à 16°C ou 17°C mais il ne faut pas hésiter à laisser le vin se réchauffer doucement au contact de la température ambiante.