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Parmi les 6 appellations communales du Médoc, le Moulis-en-Médoc est la plus petite. Située autour du village éponyme, le Moulis appartient donc au prestigieux vignoble bordelais. L’appellation produit exclusivement des vins rouges dont l’harmonie et l’élégance font sa renommée. Le Moulis bénéficie à cet égard des labels français AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) et AOP (Appellation d’Origine Protégée).
A l’origine des vins de Moulis, des meuniers devenus vignerons
Selon la légende, le Moulis doit l’origine de son nom à la présence importante de moulins à vent ou à eau (Molinis en latin) qui recouvraient autrefois ces terres céréalières. Les premières vignes furent plantées dès le XIIIème siècle par des seigneurs locaux ainsi que des moines de l’Église romane. Les meuniers troquèrent alors leurs moulins pour la vigne.
Au fil des siècles, le vignoble s’est étendu jusqu’à recouvrir en 1892, 1500 hectares répartis sur 200 exploitations, soit deux fois plus que la surface actuelle du vignoble ! Le Moulis devient une référence dès le début du XXème siècle et est reconnue par l’Appellation d’Origine Contrôlée en 1938.
L’appellation est un terroir d’exception qui compte quatorze propriétés ayant obtenu le titre de « Cru Bourgeois Supérieur » en 2003, dont les célèbres Château Chasse-Spleen, Château Poujeaux, Château Brillette, ou encore le Château Maucaillou qui a remporté la coupe des Crus Bourgeois en 1991 et 1995. En 2006, le Château Lagorce-Bernadas a rejoint le classement des « Crus Artisans ».
Le Moulis est le plus petit vignoble du médoc
Le vignoble de Moulis se situe légèrement en retrait de l’estuaire de la Gironde, au Sud de l’AOC Listrac-Médoc et à l’Ouest de l’AOC Margaux. Le domaine, qui s’étend sur 630 hectares en un long ruban étroit de 12 kilomètres de long sur à peine 300 ou 400 mètres de large, est le plus petit de la sous-région Médoc. Du fait de sa situation géographique, le vignoble est sensible aux variations du climat océanique tempéré par le fleuve. L’appellation possède une charte stricte qui ne l’autorise à produire qu’une moyenne d’environ 30 000 hectolitres par an.
L’appellation Moulis est implantée sur des terres pauvres et naturellement drainées par les « jalles » (surnom désignant « cours d’eau » en Médoc). Propice la culture du seigle au Moyen-âge, c’est un terroir viticole de haute qualité dont la diversité des sols se reflète dans ses vins. D’Est en Ouest, on trouve d’énormes massifs de graves garonnaises et pyrénéennes, possédant la même nature géologique que celle des Grands Crus Classés et propices à la culture du Cabernet-Sauvignon. Au centre de la production, on distingue un sol plus argileux et calcaire favorable à l’essor du Merlot.
Le Moulis offre une palette aromatique exceptionnelle
Le Moulis est essentiellement élaboré à partir de deux cépages emblématiques du vignoble Bordelais : le Cabernet-Sauvignon et le Merlot. Ces derniers sont souvent accompagnés d’autres cépages afin d’agrémenter la structure tannique du vin. Le Cabernet-Sauvignon produit des vins rouges sombres robustes, au potentiel de garde important. Le Merlot quant à lui, permet d’ajouter une touche de fruit et de rondeur pour assouplir le vin. Le Moulis jouit d’une capacité de garde excellente, de 5 à 15 ans.
Les vins de Moulis conjuguent délicatesse, intensité et complexité en offrant une palette aromatique d’une richesse exceptionnelle. Ce sont des vins équilibrés et raffinés aux tanins arrondis. Occasionnellement corsés, il n’en reste pas moins souple et soyeux. Le Moulis déploie une robe rubis foncée aux reflets sombres, révélateurs de son haut potentiel de garde. Au nez, les parfums sont nombreux et séduisants. On décèle d’abord des parfums primaires de fruits noirs, comme la mûre et le cassis. Puis l’aération révèle les notes de l’élevage : tabac, cèdre, arômes de vanille et de réglisse. Après une maturation d’une bonne dizaine d’années, on percevra des notes de boîte à cigares, de torréfaction, mêlées à des pointes de truffes, de sous-bois et de humus. Au palais, le Moulis dévoile un bouquet à l’expression aromatique large et complexe et aux tannins soyeux, offrant des tonalités de fruits rouges, de cannelle, de violette et d’épices.
Le mariage du Moulis et des gibiers
Le Moulis est un vin rouge sec qui s’accordera divinement avec de la viande rouge, de l’agneau ou un gibier à plumes comme la perdrix ou le faisant. Il pourra ainsi accompagner un agneau de Pauillac rôti avec une poêlée de cèpes ou encore un Parmentier de confit de canard par exemple. On préférera le déguster à une température idéale située entre 16 et 17°C.
Moulis compte pas moins de quatre millésimes du millénaire
Les années 1961, 1982, 1990 et 2005 sont considérés comme les meilleurs crus du millénaire. 1929 et 1945 sont tout aussi notables pour le Moulis, estimés millésimes du siècle. Enfin, on notera les années 1949, 1986, 1989, 2000 et 2009 qui ont été de grands crus d’exception également.
Des domaines de Moulis aux noms riches en signification
Château Maucaillou
Le Château Maucaillou doit son nom à la contraction de « mauvais » et de « caillou », en référence à son terrain. Un sol pauvre et à faible rendement, peu propice à la culture céréalière mais parfaitement adapté à la plantation de la vigne. Le château voit le jour en 1875, ce qui en fait l’un des plus anciens du terroir Médocain. Aujourd’hui, le domaine de 90 hectares est dirigé par Pascal Dourthe et dispose d’équipements modernes. Afin de conserver la qualité de ses vins, ce domaine viticole de Moulis a fait le choix d’une culture et d’une production raisonnées d’environs
600 000 bouteilles par an tandis que les vendanges demeurent manuelles.
Château Chasse-Spleen
L’origine du Château Chasse-Spleen est une longue histoire familiale. Au XVIIIème siècle, le seigneur Gressier fait l’acquisition d’un vaste domaine sur la route de Pauillac appelé Grand Poujeaux et il y plante les premières vignes. En 1820, suite à une succession, la propriété est scindée en deux, laissant place à deux vignobles distincts : le domaine Grand Poujeaux-Gressier d’un côté et celui de Grand Poujeaux-Castaing de l’autre.
En 1863, Rosa Ferrière, descendante et propriétaire du Grand Poujeaux-Castaing est déterminée à démarquer son vin de celui de son domaine jumeau, en rebaptisant le château « Chasse-Spleen ». Selon la légende le poète anglais Lord Byron aurait fait halte à Gressier lors d’un voyage dans la région en 1821. Il aurait alors complimenté le vin, clamant que ce dernier « n’avait pas son pareil pour chasser le Spleen ». Rosa Ferrière aurait donc choisi ce nom pour marquer les esprits.
En 1912, la famille Gressier vend le château qui passe alors entre les mains d’une famille de négociants allemands puis de forestiers landais, pour être finalement acquis en 1976 par Jacques Merlaut, négociateur renommé. Aujourd’hui, le domaine est dirigé par la petite fille de ce dernier, Céline Villars qui a notamment supervisé le rachat du Château Gressier Grand Poujeaux en 2003.