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Jouissant d’une reconnaissance moindre que les appellations phares du Rhône septentrional, Saint-Joseph regorge de magnifiques cuvées accessibles à tous les amateurs. Partons à la découverte de ces rouges charmeurs.
Une superbe entrée en matière au Royaume de la Syrah
C’est la rive gauche du Rhône, face à la colline de l’Hermitage, que nous partons aujourd’hui. Large de 1 000 hectares, Saint-Joseph se décline dans les deux couleurs mais ceux sont ses rouges qui font la renommée de l’appellation – même si on retrouve de superbes cuvées de blancs. Située au cœur de l’axe rhodanien historique qui relie Vienne à Tournon, le vignoble s’est donc construit une solide réputation depuis l’Antiquité. Pendant longtemps, le nom de « vins de Mauves » fait référence aux Saint-Joseph du fait de leur robe violacée. Ils donnent ainsi son nom au village de Mauves, située au cœur même de l’appellation.
Cette robe mauve, Saint-Joseph la doit à la Syrah qui règne en maître incontestée sur tout le Rhône septentrional. On peut toutefois y ajouter jusqu’à 10% de Marsanne et de Roussanne pour attendrir la puissance naturelle de la Syrah – on assemble donc ici des cépages blancs et rouges. La majeure partie du vignoble est planté en terrasses sur un socle granitique avec une exposition Sud-Est. Un climat chaud et un sol pauvre donc, qui font que Saint-Joseph manque rarement de puissance. La proximité du Rhône et de ses vents garantie, quant à elle, la ventilation du vignoble et permet donc d’éviter les maladies de la vigne.
Avec cette compréhension du terroir, on ne peut que mieux appréhender les « vins de Mauves ». Dans leur jeunesse, on retrouvera une robe violacée. Au nez, ceux sont des notes poivrées, de violette et de fruits noirs tout juste sortis du compotier qui sauront vous charmer de leur justesse. Enfin, en bouche, vous serez face à un vin qui aura, selon les producteurs, une structure tannique conséquente, et qu’il ne faudra pas hésiter à accorder à un plat pour mieux appréhender. Avec l’âge, Saint-Joseph troquera son attaque toute en puissance pour quelque chose de plus velours, des notes de gibier et de sous-bois viendront s’ajouter à l’équilibre du vin pour que celui-ci gagne en complexité.
Saint-Joseph à table
A la recherche d’un vin pour accompagner un plateau de charcuterie rhodanien, ne cherchez plus. Optez pour un Saint-Joseph dans sa jeunesse pour accompagner vos saucissons briochés, vos rosettes lyonnaises et vos caillettes. Tout en restant sur le même terroir, la structure du vin absorbera volontiers le gras de la charcuterie. La trame épicée présente dans votre verre saura, par ailleurs, faire écho à la puissance de la charcuterie tandis que le côté fruité et floral de Saint-Joseph apportera une dimension supplémentaire à votre apéritif.
Un plat pour accompagner votre Saint-Joseph ? Dans sa jeunesse, il ira à ravir à de jolies côtes de porc. Vous pouvez par exemple les faire mariner dans un mélange d’oignons, herbes de Provence et vin rouge – pourquoi pas du Saint-Joseph. Accompagnez le tout de jolies pommes de terre grenailles et de quelques légumes de saison et vous aurez devant vous une superbe assiette qui se laissera volontiers flatter par votre vin.
Vous souhaitiez continuer votre repas sur des produits de terroir ? Pas de problème, Saint Joseph saura également parfaire votre daube provençale. Une fois encore, la marinade de votre viande sera la clef de voute de l’accord puisqu’elle gagnera en tendresse et en puissance. Elle ne brusquera donc pas votre vin mais l’accompagnera tout en douceur.
Ces deux options sont toutefois préférables sur de jeunes Saint-Joseph. De vieux vins exigent des mets plus fins. Osez alors partir sur un filet de thon rouge grillé, que vous pourrez accompagner d’une escalope de foie gras poêlé pour plus de gourmandise. Quelques cèpes rôtis ou de petites framboises confites sauront parfaire le tout. Face à cela, un Saint-Joseph ayant déjà une dizaine d’années de bouteilles apportera la touche finale à ce chef d’œuvre. En quelque sorte, vous viendrez chercher une sauce Rossini dans votre verre. Cette aromatique légèrement truffée et ce côté animal, qui viennent, avec l’âge, s’ajouter à la trame fruitée et épicée d’un Saint-Joseph, seront juste ce qu’il vous faudra pour réaliser le parfait accord.
Le défi du choix
Maintenant que les Saint-Joseph rouges n’ont plus aucun secret pour vous, il reste un problème majeur : le choix. En effet, vous n’aurez pas toujours la chance de tomber sur un bel échantillon compte tenu de la taille de l’appellation et du nombre de producteurs. Il est toutefois possible de se repérer assez facilement. Dans les entrées de gamme, la cave de Tain ne déçoit que très rarement et produit des vins gourmands et faciles à boire dans leur jeunesse. Pour une occasion plus festive, quelques vignerons d’exception produisent des vins des plus charmeurs : Yves Cuilleron, François Villard, les Coursodon, Bernard Gripa… Tous sont des valeurs sûres de l’appellation. Mais, si vous en avez l’occasion, goûtez les Saint-Joseph du domaine Gonon qui sont le rêve de tout amateur de Syrah.