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Ces dernières années un véritable changement de dynamique semble s’opérer dans les régions viticoles française, avec une tendance vers une utilisation modérée (si c’est n’est nulle) d’intrants phytosanitaires. De nombreux domaines ont entamé une conversion biologique, d’autres le sont depuis longtemps, la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) est de plus en plus répandue… Dans cette mouvance vers un retour aux origines de la vigne, on retrouve aussi les vins naturels. Qu’en est-il en Alsace ?
Le vin naturel, quesaco ?
Définissons d’abord le vin naturel (on parle aussi parfois de vin nature). Un vin naturel est un vin auquel aucun intrant n’est ajouté lors de sa vinification (sauf une exception : il est possible d’ajouter une faible dose de souffre, selon des quantités très précises). Il n’existe pas vraiment de dénomination certifiée par un label pour le vin nature, au contraire du sigle « Agriculture Biologique » pour les vins issus de la viticulture biologique, ou encore le label « Demeter » pour la viticulture biodynamique. Les vins naturels n’ont donc à l’heure actuelle aucune valeur juridique, et ne sont encadrés par aucune législation (à l’échelle française tout comme à l’échelle européenne). Les vins naturels sont cependant souvent issus de raisins cultivés selon des méthodes dites « agroécologiques » : viticulture biologique, en biodynamie ou raisonnée. L’Association des Vins Naturels peut servir de repère pour mieux comprendre les vins naturels, grâce au cahier des charges qu’elle a créé pour encadrer ces vins. Selon cette association, voici les conditions à respecter pour adopter la dénomination « vin naturel » : – Les raisins doivent être issus d’une culture biologique ou biodynamique – Les vendanges doivent être manuelles – Seules des levures indigènes (= des levures issues d’un milieu naturel) doivent être utilisées pendant la fermentation – L’utilisation de techniques brutales pour le vin est prohibée (comme l’osmose inverse, la flash pasteurisation …) – Ne pas utiliser d’intrants oenologiques lors de la vinification, exception faite pour le souffre (= les sulfites) en très faibles quantités Evidemment, tous les vignerons produisant des vins naturels ne font pas partie de cette association, mais tous tendent vers une philosophie commune de retour au terroir.
Les vins naturels en Alsace
L’Alsace est une terre de prédilection pour les vins natures. En effet, la région bénéficie d’un climat permettant de préserver la qualité des raisins, et qui peut rendre inutile l’utilisation de souffre. Les vins naturels alsaciens sont encore assez peu répandus, mais un mouvement s’initie petit à petit, notamment grâce à l’arrivée d’une nouvelle génération de viticulteurs, désireux de continuer dans les pas des précurseurs du vin nature. La cuvée « La Marmite » du Clos Liebau et un bel exemple de vin naturel alsacien : ce vin orange issu d’une macération en grappe entière pendant 1 mois, gourmand en conservant une certaine tension, est conseillé avec un Munster pour marier les terroirs alsaciens.
Cependant, bien qu’une dynamique soit lancée vers davantage de vins naturels alsaciens, ces vins ne représentent à l’heure actuelle qu’une infime partie de la production viticole de la région.
© Photo : Le Clos Liebau