Sommaire
Au cœur des Pyrénées Orientales, une appellation atypique sort du lot, Maury. Petit cru producteur de vins liquoreux, il se fait remarquer par des vins qui gagne en précision d’année en année.
Une terre de liquoreux là où on ne l’attend pas
Alors que les grands liquoreux du Languedoc-Roussillon on tendance à être produit sur la côte du Gold du Lion, c’est dans les terres, au pied des Pyrénées que nous partons aujourd’hui. Dès l’arrivée, on ne peut que tomber sous le charme de ce tableau avec le village de Maury au premier plan et les vignes à flanc de côteaux puis les Pyrénées en arrière-plan.
Pas une minute à perdre, on se dirige vers le plus grand ambassadeur des vins de l’appellation : le Mas Amiel. On commence par nous y expliquer que vins secs et vins liquoreux se côtoient dans les chais. Les secs sont produits à base de carignan et grenache et autres cépages locaux. Le domaine produit également des blancs et des rosés mais ils ne peuvent pas bénéficier de l’appellation Maury, ils retombent donc automatiquement en AOC Côtes du Roussillon.
Dégustation des vins de Maury
On pourrait dédier un article aux Côtes du Roussillon, concentrons-nous plutôt sur Maury pour aujourd’hui. Les vins secs, uniquement en rouge donc, donnent une impression de déjà-vu, ils rappellent les appellations voisines. De jolies notes de fruits rouges mûrs que l’on confondrait presque à la légèreté d’un cru du beaujolais sans cet apport de complexité et de structure du carignan. En fin de compte on obtient un vin solaire et flatteur dès son plus jeune âge, les fraises et les framboises se conjuguent à une aromatique de garrigue et de gibier. Un vin à sortir sur une planche d’apéritif ou alors sur une jolie côte de porc.
Après un joli premier acte de vins secs, on se dirige tout droit vers les vins doux vintage pour le second acte. Petit interlude pour nous expliquer la méthode d’élaboration des Maury doux : on est ici face à des vins doux naturels, c’est-à-dire que l’on récolte les baies avec un fort degré de sucre et qu’on stoppe la fermentation alcoolique (qui transforme les sucres en alcool) à l’aide d’une liqueur pour conserver beaucoup de sucre dans le vin.
Place donc à ces vins doux. On commence par les vintages, c’est-à-dire qu’ils ont eu un élevage relativement court. Ici aussi, les rouges sont majoritaires et le grenache est l’unique cépage autorisé. On retrouve quelques cuvées en blanc – produites à base de grenache blanc ou gris. Du fruit noir en confiture, du tabac, du chocolat, le tout entremêlé harmonieusement, voilà ce que l’on nous présente à la dégustation de ces cuvées.
Place maintenant au troisième acte, qui clora en apothéose la dégustation, les vins doux oxydatifs, le plus vieux présenté ici date de 1969. Encore dingue de vigueur, ces vins sauront vous bluffer avec une puissance sans pareil. Le côté oxydatif d’un élevage qui compte parmi les plus longs au monde vient se marier à des notes de tabac et de chocolat noir. Un vin de méditation pour finir la soirée !