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Chef de file des vins de la Côte chalonnaise, Mercurey est aussi l’une des vastes appellations communales bourguignonnes. Dépourvue de grands crus, à l’instar des autres villages de cette sous-région, elle recèle cependant de nombreux premiers crus reflétant la diversité des terroirs de cette AOC.
Un vignoble historique de la Côte chalonnaise
S’étendant sur 25 km de long entre la Côte de Beaune au nord et le Mâconnais au sud, la Côte chalonnaise est une sous-région de Bourgogne longtemps restée dans l’ombre de la célèbre Côte d’Or. Elle recèle pourtant une variété de terroirs similaires à sa voisine, sur lesquels s’expriment pleinement le chardonnay et le pinot noir.
Au cœur de la Côte chalonnaise, le vignoble de Mercurey s’étend sur 650 hectares, jusque dans la commune de Saint-Martin-sous-Montaigu, ce qui en fait l’un des plus vastes de Bourgogne. Il est essentiellement planté en pinot noir, qui représente 87 % des surfaces. Sa topographie complexe apporte une grande diversité de terroirs. Majoritairement calcaires, les sols sont parfois argileux, marneux ou pierreux, et les parcelles sont situées sur des coteaux d’exposition diverses, à une altitude comprise entre 220 et 350 mètres.
Les vignes ont été implantées à Mercurey par les romains, qui ont ainsi nommé le village en y construisant un temple dédié à Mercure. L’importance de ce vignoble croît dès le début du Moyen-Âge, époque à laquelle est construit le château de Montaigu. Au XIXème siècle, le vignoble subit les ravages du phylloxéra, puis du mildiou. Afin de le revaloriser suite à ce désastre, un premier classement des climats de Mercurey paraît en 1899 dans une revue de viticulture. L’appellation d’origine contrôlée est ensuite reconnue par l’INAO dès 1936, qui modifiera le cahier des charges en 1943 pour y intégrer des premiers crus. Quelques décennies plus tard, en 1971, la confrérie de la Chanteflûte est créée par des vignerons de la région afin de faire connaître l’appellation Mercurey.
Des premiers crus riches et aromatiques aux nuances variées
Historiquement constitués de cinq clos – du Roy, Voyen, Marcilly, des Fourneaux et des Montaigus –, les premiers crus de Mercurey sont désormais au nombre de 32. Ils représentent 160 hectares, soit environ 25 % de surfaces plantées, la majorité étant en pinot noir, à l’instar du reste de l’appellation.
Ce cépage produit ici des vins rouges colorés, à la robe rubis profonde, qui exhalent des arômes complexes dominés par des fruits rouges (framboise, fraise, cassis, cerise…) frais et croquants, souvent nuancés par des parfums de tabac et de fèves de cacao. Leur structure tannique et leur corps charpenté s’équilibrent avec la richesse des saveurs fruitées et une acidité élevée, parfois rehaussée par de belles notes minérales dans leur jeunesse. L’élevage, majoritairement pratiqué en fûts de chêne pour les premiers crus, favorise un potentiel de garde important. A leur apogée, les vins acquièrent une rondeur charnue ainsi que des notes de cuir, de gibier et de sous-bois typiques du pinot noir.
Ces caractéristiques générales sont bien sûr à nuancer en fonction des climats. Les parcelles au sol crayeux (Les Crêts, Clos l’Évêque…) tendent à engendrer des vins d’une grande finesse, aux délicats arômes fruités et floraux. A l’inverse, les terres argilo-calcaires au sous-sol de marnes profondes donnent naissance aux premiers crus les plus denses et les plus charpentés, à l’instar de l’historique Clos du Roy et de son équilibre maîtrisé entre puissance et élégance.
Si les rouges sont majoritaires, les Mercurey premiers crus se déclinent également en blanc. Généralement planté sur des marnes blanches, le chardonnay donne des vins riches et opulents, très similaires à ceux de la Côte de Beaune. Caractérisés par la richesse de leur bouquet, où s’entremêlent les arômes de noisette, d’abricot sec, d’amande, de pêche et de chèvrefeuille souvent teintés de subtiles notes boisées, ce sont des vins souples et amples en bouche équilibrés par une belle fraîcheur aux accents parfois minéraux. Bien qu’ils puissent s’apprécier sur la jeunesse, ils gagnent à vieillir quelques années afin de développer toute leur complexité aromatique. C’est notamment le cas des meilleurs d’entre eux, tels que le premier cru La Mission, monopole du Château de Chamirey situé juste au-dessus du Clos du Roy, ou encore Les Veleys du domaine François Raquillet.
Un excellent compagnon de table
Riches et puissants, aux tannins bien affirmés, les Mercurey premiers crus rouges possèdent une structure capable de se marier avec des mets tout aussi forts en saveurs tels qu’un ris d’agneau aux petits oignons ou encore un civet de lièvre lentement cuit au vin rouge. Après quelques années d’évolution, les tannins souples et patinés du Mercurey ainsi que ses notes de champignons et de sous-bois s’accommoderont de plats plus délicats, comme un poulet de Bresse à la crème de morilles.
Les premiers crus blancs, amples en bouche et dotés d’une grande puissance aromatique, se marieront avec des plats à la texture à la fois crémeuse et craquante, tels qu’un risotto aux asperges, une truite aux amandes ou encore – pour un accord plus exotique – un curry de crevette au lait de coco.
D’alléchantes possibilités d’accords qui raviront vos papilles, et votre porte-monnaie – les Mercurey premiers crus étant bien plus accessibles que la plupart de leurs voisins de la Côte d’Or !
© Photo : Château de Chamirey