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La Bourgogne fait rêver beaucoup d’amateurs. Mais, compte tenu de l’explosion des prix, beaucoup font le choix de n’ouvrir leurs flacons bourguignons uniquement lors des grandes occasions. Il s’agit alors de bien choisir les quelques bouteilles que l’on met en cave et le millésime devient alors un facteur clé lors de l’achat.
Le trio 2018-2019-2020 déjà mythique clôture une décennie de grands millésimes
Les experts sont unanimes, la Bourgogne a connu une décennie exceptionnelle en termes viticoles, ou plutôt en termes de vendanges – la filière ayant subi quelques déconvenues ces dernières années avec, entre autres, les taxes Trump et le Covid-19. Rien ne saurait mieux le prouver que la trilogie 2018-2019-2020 que l’on a hâte de voir arriver à maturité. Seul problème, il va falloir se retenir au moins une dizaine d’années pour que les vins commencent à révéler leur potentiel, plus pour les premiers et grands crus.
La principale raison de cette multiplication de millésimes exceptionnels est le changement climatique, ou plutôt le fait que les vignerons aient appris à s’adapter à ce changement climatique. En effet, la combinaison du réchauffement et de la sécheresse avance les dates de vendange de quelques jours chaque année. Là où la mi-septembre était synonyme de début de la récolte au début des années 2000, on y fête aujourd’hui le ban de fin des vendanges. Résultat, on obtient des raisins plus mûrs, plus tôt et, en fin de compte, des jus plus concentrés qui donnent des vins plus intenses en goût et en structure. Cela est vrai sur les rouges, mais aussi sur les blancs.
On pourrait alors se dire que les vins risquent de devenir trop riches, trop forts en alcool. Cela serait vrai si les vignerons ne prenaient pas ces données en compte. Fort heureusement, ils se sont maintenant habitués au changement climatique et sont beaucoup plus attentifs à la maturité des raisins et beaucoup plus précis dans leurs vinifications. Vendange rang par rang et raccourcissement des temps de macération sont aujourd’hui le pain quotidien des domaines lors des vendanges. Il s’agit donc d’être beaucoup précis à chaque étape, surtout si l’on tient compte des changements des pratiques – bio, biodynamie ou nature, qui demandent déjà une attention de chaque instant.
Outre l’évidence que le changement climatique soit, dans l’ensemble, une menace pour l’écosystème terrestre, soulignons un bémol, dans le champ viticole, à ce phénomène : les raisins sont souvent moins gros, plus secs. On se retrouve alors souvent avec des rendements plus faibles qu’auparavant et donc une production en baisse, ce qui justifie – en partie, une hausse des prix.
Les millésimes prêts à boire
On l’aura compris, les millésimes récents ont un grand potentiel. Cela ne veut toutefois pas dire que l’on ne peut plus se faire plaisir avec de jeunes vins de Bourgogne. Il s’agit de sélectionner les flacons que l’on tire. Les appellations génériques (Bourgogne, Hautes Côtes…) sont, par nature, prêtes à boire dans les années qui suivent la mise en bouteille. C’est aussi le cas pour beaucoup des vins du Chablisien, du Sud de la Bourgogne, sur des crus comme Viré-Clessé, Mâcon ou Montagny, ou pour les Aligotés – qui ont connu un regain qualitatif considérable ces dernières années.
Pour ce qui est des vins de la Côte d’Or, mieux vaut attendre au moins cinq pour les vins d’appellation « Village » (Nuits Saint Georges, Beaune…), plus pour les premiers crus, beaucoup plus pour les grands crus. La clef est de se renseigner sur le flacon que l’on veut ouvrir. Cavistes et forums en ligne sont d’une aide formidable sur ce sujet.
A l’heure actuelle, vous pouvez ouvrir sans trop de risque, vos flacons d’appellations « Village » ou premier cru jusqu’au millésime 2013. Les grands crus peuvent, quant à eux, passer rester en cave pendant plusieurs décennies. Si vous avez une grande occasion à fêter, essayez de ne pas ouvrir plus jeune que 2010 et évitez 2005 qui s’annoncent comme un millésime quasi-immortel.
Le mystère des vieux Bourgogne
L’un des grands mystères du monde du vin réside dans les très vieux vins. On voit assez régulièrement des photos de vins de Bourgogne plus vieux que nous, voire que nos parents, sur les réseaux sociaux. On vous parlera des légendaires millésimes 1945, 1949 ou 1961 mais vous remarquerez que ceux sont souvent les mêmes étiquettes qui passent en boucle : Romanée-Conti, Leroy, Roumier et consorts. Très peu de vins sont destinés à une garde pareille. Seuls quelques domaines de légende ont accès aux parcelles et au savoir-faire nécessaires pour réaliser un tel exploit, et cela n’est possible que sur les grands, voire très grands, millésimes.
Découvrez notre guide complet des millésimes.
© Photo : James Lee sur Unsplash