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Les châteaux du vignoble bordelais
Margaux, Lafite-Rotschild, Yquem, Angélus, ces noms ne passent pas inaperçus dans le monde du vin. Il faut dire qu’il s’agit sûrement des domaines les plus connus du monde entier. Ces châteaux bordelais font tous partie des premiers (grands) crus classés de leur région, c’est dire s’ils sont importants dans le paysage œnologique.
En effet, la région de Bordeaux est connue pour ses grands vins rouges depuis des centaines d’années. Si le commerce bordelais a été promu par les anglais dès le XIIème siècle, c’est en 1855 que le premier classement des vins bordelais fut établi par Napoléon lui-même à l’occasion de l’exposition universelle de Paris.
Le premier classement de 1855 dénomme 4 châteaux de la rive gauche comme « Premier crus classés » : Château Margaux, Château Lafite-Rotschild, Château Haut-Brion et Château Latour. Suivent plus de 57 autres châteaux du Médoc classés du second cru classé au cinquième cru classé. Ce classement a été établi selon la notoriété des châteaux à l’époque et n’a été revu qu’une fois en 1973 pour faire passer le Château Mouton-Rotschild de second à premier cru classé du Médoc. A noter que parmi tous ces châteaux classés, seul un n’est pas en Médoc mais sur la région de Pessac-Léognan et il s’agit du château Latour.
A ce classement s’en suivront d’autres pour les vins des autres régions de Bordeaux. Notons tout d’abord celui de Sauternes, également réalisé en 1855 pour ses fantastiques liquoreux, qui promeut le Château Yquem comme le seul premier cru supérieur, au-dessus encore des premiers crus classés. On ne dénombre pas moins de 27 châteaux dans ce classement qui allie Sauternes et Barsac, sa voisine.
Mais toujours est-il que la Rive Gauche fait des jaloux dans la vallée de la Garonne. Ne promouvant que certains châteaux du Médoc et de Sauternes, les autres sous-régions ont également soif de reconnaissance envers les vins qu’elles proposent. Ainsi naquirent les classements de Graves en 1953 et le classement de Saint-Emilion en 1954.
Ainsi, on vit de nouveaux grands noms sortir dans le milieu girondin comme le château Angélus ou le Château Cheval Blanc premiers grands crus classés de Saint-Emilion. Notons toutefois que Pomerol, qui délivre de fabuleux vins rouges reconnus dans le monde entier, ne prend part à aucun classement. Pas de premier cru classé donc pour le Château Petrus bien qu’on lui reconnaisse les mêmes qualités.
Les vins de Bordeaux : l’enjeux des classements
Ces classements régissent les vins bordelais depuis des années. Ils sont gages de qualité et d’homogénéité dans les cuvées d’année en année, ce qui peut avoir du bon dans un certain sens. De plus, on reconnait aux Bordeaux certaines grandes années, ce qui produit des crus encore meilleurs, comme le cru 1982 ou 2005 où l’on va jusqu’à parler de « crus millénaires » !
Cependant, il est a noté ici qu’à la différence des autres grands crus français en Bourgogne ou en Alsace, on ne met pas à l’honneur ici un terroir en particulier mais un savoir-faire lié à un terroir. Par exemple le Château Margaux est reconnu en premier cru classé, mais il existe plein d’autres châteaux sur l’AOC Margaux qui produisent des vins de grande qualité qui ne bénéficient pas de l’étiquette premier cru classé. Ainsi, il est assez facile de trouver de grands vins pour tous les budgets si tant est qu’on connaisse un peu la spécificité de cette région.
Bordeaux et Robert Parker, une longue histoire
Robert Parker est un américain qui a marqué la région bordelaise de son sigle. En effet, après être tombé amoureux du vin français en 1967, il commença à donner des notes sur 100 à tous les vins et millésimes qu’il a dégustés, créant ainsi une base mondiale de jugement des vins. On connaît aujourd’hui son goût prononcé pour les grands vins de Bordeaux et notamment les merlots du Libournais : Pomerol, Saint-Emilion, etc. Ses notes sont vite devenues très célèbres et suivies par de nombreux amateurs débutants apportant donc à chaque cuvée notée au-dessus de 90 une certitude d’écouler toute sa production à un très bon prix.
Mais il est également très controversé. De nombreux producteurs du monde entier se sont donc mis à modifier l’expression naturelle du vin de leur région afin de plaire aux goûts de Parker : arrondissement accéléré des tanins via micro-oxygénation du vin, utilisation de fûts de chêne neufs pour un goût vanillé et toasté, créant ainsi un « Goût Parker » des vins.
Cette « parkerisation » a fait peur à de nombreux puristes, même si Parker prône une expression des terroirs à travers la vinification. Ce fût une réalité dans le milieu girondin dans les années 90-2000 mais cela tend à disparaître au profit d’une expression plus locale de chaque vin pour chaque château créant ainsi une belle diversité de vins dans tous les AOC bordelais.
Il faut donc se méfier des classements des vins bordelais qui sont inchangés depuis des décennies. Bien qu’indicateurs de grandes qualités de vins, il existe des pépites dans toute la région alors n’hésitez pas à visiter, goûter et surtout oser sortir des sentiers battus pour trouver votre grand vin de Bordeaux.
© Photo Château latour