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Rose, litchi, épices… Un bouquet aromatique évocateur de l’exubérant gewurztraminer, qui fait partie des quatre « cépages nobles » d’Alsace dominant la production des vins les plus haut de gamme de la région. Parmi ceux-ci, ce sont sans doute les grands crus qui expriment le mieux leur terroir et la spécificité de ce cépage atypique et très spécifique à la région.
Un vignoble composé d’une multitude de terroirs
Le vignoble alsacien s’étend sur 15 000 hectares sur une étroite bande de 170 kilomètres entre Strasbourg et Mulhouse. Protégée des vents d’ouest porteurs de pluie par la barrière naturelle du massif des Vosges, l’Alsace est l’une des régions les plus sèches et ensoleillées de France. Ce microclimat favorable à la culture la vigne s’ajoute à une grande variété de reliefs et de sols expliquant l’existence d’une multitude de terroirs bien distincts. C’est cette diversité qui a entraîné le morcellement du vignoble en lieux-dits, et plus spécifiquement de grands crus pour les meilleurs d’entre eux, dès le IXème siècle.
L’existence de ces sites a été officiellement reconnue par l’INAO en 1975, date de création de l’AOC Alsace Grand Cru, l’une de trois appellations de la région (avec les AOC Alsace et Crémant d’Alsace). Depuis 2007, elle est divisée en 51 lieux-dits strictement délimités, chacun ayant une réglementation propre en termes de viticulture, de vinification mais surtout d’encépagement.
L’Alsace se distingue en effet des autres régions viticoles françaises par sa mise en avant du cépage (généralement unique) du vin, plutôt que d’une appellation. Pour les grands crus, sauf exceptions, les variétés autorisées sont uniquement les cépages dits « nobles » : le riesling, le pinot gris, le muscat, et le gewurztraminer.
Un cépage noble incroyablement riche et aromatique
Le gewurztraminer est célèbre pour son extraordinaire richesse aromatique. Bien qu’il soit le plus souvent élaboré en sec, il paraît toujours légèrement sucré de par les multiples parfums qu’il dégage. Entre arômes floraux dominés par la rose, fruits exotiques (litchi, ananas, fruit de la passion, mangue), agrumes (pamplemousse notamment) et épices, son bouquet est complexe et exubérant. En bouche, c’est un vin ample, suave et capiteux – son degré alcoolique atteignant régulièrement les 14° –, à l’impressionnante persistance aromatique. Cette richesse et cette ampleur est d’autant plus amplifiée lorsqu’il est élaboré en vendanges tardives ou en sélections de grains nobles.
Ce cépage difficile à cultiver, peu productif et sensible aux gelées printanières, exprime toute sa complexité et sa richesse dans les grands crus d’Alsace. Parmi les 51 lieux-dits de l’appellation, une vingtaine sont particulièrement adaptés au gewurztraminer.
Parmi ceux-ci, on peut notamment citer le grand cru Altenberg de Bergheim, où le gewurztraminer règne en maître aux côtés du riesling dans les complantations de Marcel Deiss. Il donne également d’incroyables résultats sur le terroir volcanique très minéral de Rangen de Thann, où il développe régulièrement de la pourriture noble, et exhale d’étonnantes notes de pierre à fusil dans certains millésimes.
Le gewurztraminer exprime ainsi toute la spécificité de chaque lieu-dit tout en conservant son exubérance et sa richesse. Les grands crus issus de ce cépage se distinguent ainsi par leur persistance aromatique, leur grand potentiel de garde et leur capacité à se marier à une multitude de mets en fonction du terroir et du millésime.