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Des vins oubliés au potentiel formidable
Méconnus du grand public, les blancs de Châteauneuf ont un grand potentiel, digne des plus grandes appellations rhodaniennes. Partons à la découverte de ces formidables vins de connaisseurs.
Les grands oubliés de la vallée du Rhône
Si on vous parlait de grands vins du Rhône, vous penseriez peut-être à la colline de l’Hermitage, aux pentes abruptes de Condrieu, ou à la Côte-Rôtie, vous penseriez aussi aux grands rouges du vignoble papal de Châteauneuf. Et vous auriez raison de vous diriger vers ces icônes rhodaniennes, mais, cela serait sans compter sur des blancs qui n’ont rien à envier à leurs confrères plus septentrionaux : les blancs de Châteauneuf-du-Pape. Ne représentant que 7% de la production totale de la plus vieille AOC de France, ces vins vivent aujourd’hui dans l’ombre des rouges robustes du Rhône méridional.
Le fait est que l’histoire de Châteauneuf s’est aussi bien écrite en blanc qu’en rouge : les Papes d’Avignon raffolaient, en effet, des muscats blancs du cru voisin. Ce n’est qu’au tournant du XXème siècle, et du fait des grandes maladies de la vigne, que le vignoble est replanté en quasi-intégralité avec des cépages noirs.
Un terroir parfaitement adapté pour de grands blancs
Le climat de Châteauneuf-du-Pape est trop aride pour les cépages blancs vous diront les uns, le grenache est le cépage parfait pour l’appellation vous diront les autres. En un sens, ils n’auront pas tort, ces rouges sont sans pareilles en France. Mais, ce serait aussi parler trop vite : les cépages blancs s’adaptent, en effet, parfaitement au terroir de Châteauneuf-du-Pape. La preuve en est que, parmi les treize cépages pouvant rentrer dans les assemblages de l’appellation, près de la moitié sont blancs.
Ainsi, de même que pour les rouges, les blancs vont puiser leur richesse et leur complexité dans la diversité géologique de l’appellation : les fameux plateaux de galets roulés offrent un système de contrôle des températures des plus efficaces tandis que les sous-sols argileux permettent à la vigne de s’enraciner profondément. Enfin, le terroir calcaire à l’Ouest du cru est propice à extraire une certaine minéralité, fondamentale à l’équilibre final du vin.
La Roussanne, que l’on a l’habitude de voir assemblée à la Marsanne pour faire de grands blancssur les vignobles de l’Hermitage ou de Saint-Joseph, est ici accompagnée de la Clairette, du Bourboulenc et du Grenache blanc pour réaliser le parfait équilibre : un vin solaire qui saura garder une certaine fraîcheur. Somme toute, un vin des plus agréables, qui se dote de tous les attributs d’un grand vin de gastronomie. La Roussanne lui confère de jolies notes florales et de la gourmandise alors que le Grenache blanc vient lui donner son fruité. Clairette et Bourboulenc corrigent enfin les excès en lui apportant juste ce qu’il faut de fraîcheur et de salinité.
Un vin de gastronomie de l’étoffe des plus grands
Dans sa jeunesse, il ira donc à ravir à tous vos poissons à la chair grasse. Du tartare de dorade au bar grillé – le loup de mer vous dira-t-on dans la région, tous se marient avec brio avec le cru rhodanien. L’aromatique du Châteauneuf parfumera à merveille ces plats tandis que sa fraîcheur lui permet d’équilibrer la richesse de votre poisson et ses subtiles notes salines donneront encore plus de relief à la pêche du jour.
Imaginons maintenant que vous patientiez quelques années avant d’ouvrir votre flacon. Le Châteauneuf-du-Pape, quelle que soit sa couleur, garde, en effet, son potentiel de garde légendaire. C’est maintenant un tout nouveau vin qui s’offre à vous, un vin qui troquera volontiers son aromatique toute en fraîcheur pour des notes de truffes et de fruits confits, ne perdant pas pour autant sa grande buvabilité.
Passées leurs dix ans, ces pépites sauront vous faire voyager dans le temps, tout en réveillant vos papilles avec la plus grande des douceurs. Grand blanc de gastronomie s’il en existe, celui-ci saura parfaire vos risottos de fruits de mers tout comme vos viandes blanches en sauce. Les plus gourmands iront jusqu’à vous proposer des accords à en tomber tel un risotto de Saint-Jacques à la truffe ou une volaille en sauce aux morilles.
Des pépites à découvrir
Mais comment être sûr de tomber sur un bon Châteauneuf blanc ? Le fait est que peu de domaines en proposent, ou plus précisément, seule une poignée de vignerons, faisant pour la plupart partie de l’élite de l’appellation, en élaborent. Du légendaire Château Rayas aux vieilles vignes de Roussanne des Perrin de Beaucastel en passant par la formidable étoile montante du domaine Saint-Préfert, il est difficile de se tromper en piochant parmi toutes ces références alléchantes. Mieux, vous trouverez d’excellents rapports qualité-prix sur ces flacons, en moyenne moins cher qu’un Condrieu ou qu’un Hermitage.
Alors à votre prochaine envie de Rhône, n’hésitez plus, sautez sur l’occasion de découvrir ces merveilles de Châteauneuf-du-Pape.
© Photo Château de Beaucastel