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Rappelez-vous de cette personne qui, dans une discussion très sérieuse entre œnologues aguerris, osait dire que le vin rosé n’était que le mélange de vin blanc et de vin rouge. Rappelez-vous aussi de ces fous rires qui s’en suivirent à n’en plus finir pour lui expliquer que le rosé consistait à laisser macérer des raisins à peau noire ou grise afin que le jus se teinte naturellement. Et bien figurez-vous que cette personne, aussi ignorante soit-elle, avait raison ! Mais uniquement sur les Champagnes rosés.
Les plus grandes maisons de Champagnes comme Ruinart (qui inventa le Champagne rosé en 1764), mais aussi Dom Perignon, Moët, Laurent-Perrier, Bollinger, Gosset … font du Champagne rosé leur petit protégé. Et pour cause : depuis le début des années 2000, la demande augmente très fortement ainsi que les exportations, qui sont passées de 2,5% en 1975 à 9% en 2012. Voici un petit détour sur les spécificités du Champagne rosé, un Champagne qui accompagnera vos soirées d’été et vos diners avec merveille !
Méthode de fabrication des champagnes rosés
Il existe aujourd’hui deux Champagnes rosés, à ne pas confondre. La méthode la plus utilisée en Champagne est le rosé d’assemblage. Les moûts (obtenus par pressurage) de raisins blancs et de raisins noirs sont assemblés afin d’avoir un mixte de couleur parfait entre le rouge et le blanc.
On ajoute ensuite une faible proportion de vin rouge reconnu par l’AOC Champagne. Pour les raisins blancs, la région de Champagne est pourvue de grappes d’une qualité exceptionnelle. En revanche, les vins rouges sont généralement de qualité un peu inférieure que les blancs, ou alors assez rares. La difficulté est donc de trouver des raisins de qualité optimale pour les marier.
Généralement, la qualité des rosés d’assemblage est supérieure au rosé de saignée, qui est la deuxième catégorie. Cette méthode de fabrication est similaire à celle des vins rosés : les peaux des raisins rouges, juste après le pressurage, vont donner cette coloration au liquide, plutôt rose voire grenadine, tandis que les Champagnes d’assemblage ont tendance à s’orienter vers l’orangé. Notons par ailleurs que la Champagne est la seule région autorisée à mélanger vin rouge et vin blanc.
Les Champagnes rosés les plus intéressants gustativement sont généralement ceux élaborés à partir de chardonnay, mais ce n’est pas une règle d’or ! Laurent-Perrier propose par exemple un rosé uniquement élaboré à partir de pinot noir. Attention aux généralités !
Comme le Champagne, le Champagne rosé s’obtient en insérant de la liqueur de tirage, composée de vin, sucres et levures, lors d’une deuxième fermentation qui formera les bulles, cette fois-ci à même la bouteille (on appelle cette phase la « prise de mousse »).
Chaque jour, le vigneron tournera ses bouteilles d’un quart de tour pour remuer le dépôt qui se forme dans le goulot. Après congélation du dépôt, ce dernier est expulsé. Le vigneron ajoute enfin de la liqueur d’expédition selon son jugement professionnel, ses attentes et les conditions viticoles de l’année pour obtenir un champagne zéro dosage, extra brut, brut, extra dry, sec, demi-sec, ou encore doux (on appellera cette phase le « dosage »).
De même, on peut trouver des Champagnes rosés millésimés ou non millésimés.
Le champagne rosé : accords mets-vins
La particularité des Champagnes rosés, c’est leur capacité à s’adapter à tout type de mets. Bien qu’ils soient souvent servis à l’apéritif, lors du fromage, ou au dessert, les Champagnes rosés peuvent aussi accompagner votre pièce de viande rouge, ou encore les poissons. Le Champagne brut sera par exemple très apprécié avec du foie gras, avec des plats épicés aux tonalités orientales. Les Champagnes rosés sont tout aussi recommandés avec des plats sucrés salés. Tout dépend de la sucrosité du produit, car à l’inverse, les Champagnes rosés très sucrés se serviront plus en dessert avec des fraises ou des framboises.
Ce qui caractérise vraiment les Champagnes rosés, ce sont les notes de fruits rouges gourmandes. Le Champagne blanc est quant à lui plus floral, souvent accompagné de sensations gustatives et olfactives briochées. Les Champagnes rosés peuvent aussi avoir une plus grande puissance due à la macération de la peau des raisins : les tanins sont donc libres de s’exprimer. On comprend donc effectivement qu’il n’existe pas un seul type de Champagne rosé, et c’est donc pourquoi on peut presque l’associer avec tout.
Les maisons renommées
Bien entendu, chaque grande maison de Champagne commercialise un Champagne rosé. Toutefois, il ne sert à rien de débourser des centaines d’euros pour avoir un Champagne de grande qualité. Comme pour les vins, le prix n’est pas tout le temps en fonction de qualité de l’effervescent. L’habit ne fait pas le moine. Pour 35,80€, on peut par exemple s’offrir les fines bulles du Grand rosé Lallier qui offre une belle complexité autour de notes de mandarine et de pain d’épice.
Finalement, on peut dire que les Champagnes rosés sont en train de se réinventer pour s’imposer dans la cour des grands. Mais n’oublions pas que les crémants et effervescents rosés peuvent aussi faire concurrence aux Champagnes rosés. Bien que leur renommée soit moins importante, certains viticulteurs peuvent proposer des produits de très grande qualité.
© Photo Coco Tafoya sur Unsplash