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D’où vient l’engouement pour les vins de la Côte de Beaune ?
“Plus je vieillis, Messieurs, et plus je sens le prix de vos bontés. Votre vin me devient nécessaire. Je donne d’assez bon vin de Beaujolais à mes convives de Genève mais je bois en cachette votre vin de Corton”. Voltaire avait bon goût !
Déjà en 1759 (et avant !), les Grands Crus de la Côte de Beaune savaient faire parler d’eux, et de la meilleure des manières. Encore aujourd’hui on entend souvent que la Côte de Beaune exprime à travers le Chardonnay ce que la terre peut offrir de meilleur. Comment en est-on arrivé là ? D’où vient cet engouement pour les vins de la Côte de Beaune ?
La Côte de Beaune bénéficie d’un terroir d’exception
La Côte d’Or est considérée comme la partie la plus prestigieuse du vignoble bourguignon. Au coeur de cette région exceptionnelle, autour de la commune éponyme, se niche la Côte de Beaune. De Ladoix-Serrigny à Maranges (soit environ 3000 ha) elle offre un terroir d’une grande richesse, d’où naissent des crus d’une finesse remarquable.
Les vignes se trouvent le long de la côte, plantées sur des sols variés : argilo-calcaires, marno-calcaires et marneux. Le substrat calcaire et les pentes régulent l’hygrométrie, et le paysage vallonné fait profiter aux coteaux d’une exposition idéale au soleil levant. Enfin, la densité élevée permet de produire des vins avec des rendements faibles propices à la qualité. Ce terroir aux multiples facettes confère à la Côte de Beaune pléthore de climats différents.
[“Climat” s’entend ici au sens bourguignon du terme. C’est-à-dire que l’on désigne un lieu-dit ou une parcelle cadastrée caractérisé(e) par un type de sol et un microclimat défini.]
Comme pour le reste de la Bourgogne, les cuvées sont dénommées selon quatre types d’appellations, avec une grande importance accordée à la notion de terroir qui donne son nom à la cuvée :
– Appellations régionales : Bourgogne Aligoté, Bourgogne Passe-tout-Grain, Coteaux Bourguignons, Crémant de Bourgogne, …
– AOP Communales ou appellations village : Aloxe-Corton, Chassagne-Montrachet, Côte-de-Beaune, Saint-Romain, Santenay, Volnay, …
– Appellation Village avec Climat classés en Premier Cru : Beaune 1er Cru « Les Marconnets », Volnay 1er Cru « Les Caillerets », …
– AOP Grand Cru : Corton, Corton Charlemagne, Charlemagne, Montrachet, Chevalier-Montrachet, Bâtard-Montrachet, Bienvenues-Bâtard-Montrachet, Criots-Bâtard-Montrachet.
Le vignoble de Côte de Beaune : terre de vins prestigieux au rayonnement international
La partie Nord de la Côte de Beaune produit majoritairement des vins rouges, issus du Pinot Noir. Ces cuvées offrent un nez ouvert, élégant, complexe. Leur bouquet joue sur des arômes de fruits rouges crus ou à l’alcool (fraise, cerise), de notes florales (violette). En vieillissant, ce sont des notes d’épices, de cuir, de tabac ou de sous-bois qui viennent chatouiller les narines. Puis, en portant le vin aux lèvres, l’attaque est franche, et laisse découvrir une bouche chaleureuse, fruitée, équilibrée, à la structure légère avec de jolis tanins fondus. Généralement, le boisé est présent mais discret et la finale est longue et agréable.
Au Sud de Volnay, où les sous-sols sont composés de marnes et permettent au cépage Chardonnay de s’exprimer pleinement, les blancs dominent. En Côte de Beaune, ce cépage supportant bien le passage en fût de chêne donne des vins de longue garde. Un jeune chardonnay peut présenter des arômes d’agrumes, de pomme, parfois de poire. On trouve également des notes de tilleul ou légèrement mentholées. Chez les vins plus âgés, les notes de miel, de beurre, de croissant chaud, de noisettes et de fougères sont assez fréquentes. En bouche, le vin se révèle souvent fruité, charmeur et surtout long et gras avec des tanins de chêne bien fondus. La longueur de bouche est une des caractéristiques de ce cépage.
S’ils sont caractérisés par leur excellence, le prestige des Crus de la Côte de Beaune vient aussi de leur rareté. En effet, la difficulté à se procurer une cuvée convoitée s’explique par 2 phénomènes. Premièrement, la production même des bouteilles est contrainte par la petite surface proposée par le vignoble, éclatée entre de nombreux producteurs. Résultat : aujourd’hui, la belle majorité des grandes cuvées ne sont accessibles que sur allocation. Cette frustration est confortée par une autre tendance, commerciale cette fois-ci. La moitié de la production Beaunoise, est vendue à l’export.
Et l’engouement croissant de la classe sociale supérieure mondiale pour les vins haut de gamme français a inévitablement créé une spéculation sur le prix de la terre et des bouteilles. Les conséquences de cette hausse des prix sont dramatiques. D’un côté, l’amateur n’est plus en mesure de se procurer certains vins, désormais réservés à une élite. De l’autre, les vignerons eux ne parviennent plus à payer les droits de successions de leurs terres…
L’attractivité ancestrale de la Côte de Beaune ne s’essouffle pas
Au-delà de la qualité exceptionnelle de son terroir et de ses crus, cette région bénéficie d’un autre atout de taille : son emplacement stratégique qui lui a permis un développement fulgurant. En effet, la Côte de Beaune est localisée sur l’axe permettant de relier les pays du Sud de l’Europe à ceux du Nord, grâce à la voie existante entre les Alpes
et le Massif Central. Cette voie séculaire permettant le déplacement des Hommes pour leurs besoins commerciaux a peu à peu façonné un coeur économique autour de la Ville de Beaune.
Ainsi, au cours des siècles, les différentes institutions vineuses de la Côte d’Or se sont implantées sur la Commune Beaunoise, devenue capitale des vins de Bourgogne. On y trouve aujourd’hui de nombreuses grandes maisons de négoce, des domaines historiques, et c’est également à Beaune que se déroule l’un des temps forts de la viticulture bourguignonne et française : la fameuse vente de charité des Hospices de Beaune. Et, plus récemment, en 2015, les Climats de Bourgogne ont fait leur entrée dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Oui rien que ça.
Si l’attractivité et la réputation de Beaune et son vignoble ne sont plus à faire, la Bourgogne ne s’en contente pas. En effet, le BIVB a encore de l’ambition pour sa région et nous le prouve avec le titanesque projet de la Cité du Vin et des Climats qui verra bientôt le jour. Dans la course à la capitale du vin en France, Bordeaux gare à toi… Beaune arrive à grands pas !