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C’est dans un cadre magique que nous voyageons aujourd’hui : la vallée du Rhône méridionale. Que de contrastes dans entre les plaines aux abords d’Avignon jusqu’aux sommets escarpés du mont Ventoux et des dentelles de Montmirail.
La route des Dentelles de Montmirail
Nous voici donc, au départ de Montélimar, la besace pleine de nougats, prêts à partir à l’aventure dans un vignoble que nous ne connaissons somme toute qu’assez peu – Châteauneuf-du-Pape mis à part. Au loin se dessine la face Nord des dentelles de Montmirail. Sublime point de vue, nous décidons de nous y rendre, et, par la même occasion, de découvrir la plus septentrionale des appellations méridionales.
N’ayant que récemment obtenu sa distinction d’AOC, Vinsobres reste méconnue mais a un potentiel viticole a en faire rougir plus d’un. A la dégustation, on sent bel et bien cet « entre-deux-Rhônes », de la fraîcheur et de la puissance venues de la Syrah, reine dans le Nord, et de la gourmandise et du fruit que vient nous apporter le Grenache sudiste. En somme, un tour d’équilibriste que certains, tels le domaine Chaume-Arnaud, maîtrisent remarquablement bien.
Retour sur la route, direction Cairanne et son clos de l’oratoire Saint-Martin. La gourmandise, c’est peut-être le mot le plus adapté pour décrire ce merveilleux jeune cru. Un vin chaleureux aux notes de fruits rouges rappelant la saison des confitures chez grand-mère. Continuons notre périple le long du Rhône.
La suite est ponctuée de rapides pauses dans les Côtes du Rhône Villages que ce soit pour le cadre pittoresque ou pour la simplissime gourmandise de ses vins de copains. Enfin, nous arrivons sur les mastodontes des dentelles de Montmirail : Vacqueyras et Gigondas.
Les deux appellations se font concurrence sur la robustesse de leurs vins. Arrêt incontournable dans chacun des deux crus, le caveau de dégustation de l’appellation où la quasi-totalité des producteurs présentent tout ou partie de leur gamme. A Gigondas, nous nous tournons directement vers le domaine des Pallières, propriété de la famille Brunier au Vieux Télégraphe, un joli équilibre entre fraîcheur et structure, le tout bercé dans une complexité aromatique charmeuse. Suivent ensuite les domaines Santa Duc et Saint-Cosme que l’on regrette de boire avant leur dixième anniversaire tellement leur potentiel est grand.
Quant à Vacqueyras, on tombe volontiers pour l’approche biodynamique développée par Le Sang des Cailloux ou la passion en bouteille du Clos de Caveau, plus généralement, on a affaire à des vins chaleureux et gourmands.
La suite de notre périple nous emmène enfin sur le versant Sud des Dentelles, sur les terres de Beaumes-de-Venise et de ses fabuleux Muscats. Un incontournable de l’appellation, le domaine des Bernardins qui produit de sublimes vins doux naturels, tout en finesse et sans excès de lourdeur et de chaleur. Les rouges de l’appellation sont quant à eux assez classiques pour le Rhône méridional : des vins chaleureux qu’il fait bon de partager en bonne compagnie, autour d’une planche d’apéritif.
Grand virage à l’Ouest
Après ce petit tour des Dentelles de Montmirail, nous avons toujours soif – de découvrir le vignoble rhodanien, une seule option, l’incontournable Châteauneuf-du-Pape. Grand virage à l’Ouest, on retourne sur les berges du Rhône pour découvrir la plus vieille appellation de France. Nous voilà là dans l’embarras, quels vins déguster ?
Nous nous laissons porter par nos expériences et faisons un premier arrêt au domaine du Vieux Télégraphe qui nous avait déjà bluffé à Gigondas. On monte encore d’un cran avec les Châteauneufs de la famille : tant de complexité et de puissance sur des millésimes jeunes qui restent, à ma grande surprise, d’une grande buvabilité, avec une structure qui n’est pas trop astringente. En termes d’aromatique, c’est un festival des saveurs : les fruits rouges confits, les épices, la garrigue, voire même des notes de gibier ou d’orange sanguine, le tout en harmonie grâce à un élevage long.
Après avoir déguster ce pape de l’appellation, on décide de découvrir un domaine plus récent et qui ne cesse de faire parler de lui : le domaine Saint-Prefert. La visite avec Madame Ferrando est une grande expérience pour le dégustateur, tellement cette ancienne banquière sait vous transmettre sa passion avec une grande simplicité. Cette passion, elle se ressent aussi dans ses vins, flatteurs et complexes à tous les âges.
Traverser le Rhône
Pressés par le temps, il nous faut finir notre périple mais nous avons déjà pris rendez-vous pour une prochaine visite de Châteauneuf-du-Pape. Nous traversons donc le Rhône, à la découverte de Lirac et Tavel. A Lirac, ceux sont des vins charmeurs dans leur jeunesse que nous dégustons, notamment au château Saint-Roch. Quant à Tavel, c’est la grande découverte de notre excursion rhodanienne : les rosés, tant décriés – à tort – partout ailleurs, sont ici la star grâce à une jolie matière en bouche et une grande gourmandise fruitée.
Verdict
Nous avions pour ambitieux projet de découvrir le Rhône méridional en un voyage. Beaucoup d’émotions et de découvertes mais aussi de frustration à ne pas pouvoir rester plus longtemps. Dans l’ensemble, on en retiendra l’aspect chaleureux des vins – comme des vignerons – dans ce vignoble aux portes de la Méditerranée.