Sommaire
Jacquesson est la révélation Champagne des années 2000. Ici, pas question de savoir-faire passé de génération en génération sur plusieurs siècles, mais plutôt la vision de deux frères qui, en prenant le contre-pied des codes champenois, ont réussi à hisser leur domaine au plus haut.
Jacquesson, ou les frères Chiquet
Contrairement à de nombreuses maisons de Champagne, l’histoire de Jacquesson ne commence pas vraiment il y a des siècles. Il est vrai que la propriété a été créée il y a longtemps, en 1798 par Claude Jacquesson, mais l’identité que nous connaissons aujourd’hui des Champagne Jacquesson ne remonte pas si loin.
1974, Jean Chiquet rachète Jacquesson à la famille de Tassigny. Dès 1978, Jean-Hervé, l’un des deux fils de Jean, commence à travailler auprès de son père dans l’élaboration des vins. Aujourd’hui Jean-Hervé et son frère Laurent sont à la tête d’une Maison singulière, indépendante et qui sort des sentiers battus. Sûr de lui, Jean-Hervé impose en 1988, date à laquelle il prend la main du domaine, un grand virage : réduction drastique des rendements de production, passant de 450 000 bouteilles à 250 000. L’idée ? Eliminer tout ce qui ne plaisait pas, et se concentrer pour faire du vin Jacquesson l’un des meilleurs de Champagne.
Pari réussi pour les deux frères qui mènent aujourd’hui d’une main de maître la production et la distribution de leurs Champagne issus majoritairement de leurs vignobles à Aÿ (Grand Cru) et Dizy et Hautvillers (Premiers Crus) dans la Vallée de la Marne, et Avize et Oiry (Grands Crus) sur la Côte des Blancs.
Une attention particulière au raisin et à la vigne
En effet, chez Jacquesson, la plupart des raisins proviennent des vignes du domaine. Les achats de raisins ne représentent que 20% des matières premières et les baies sont issues de parcelles situées au plus proche de celles du domaine. Une bonne manière de contrôler l’origine des raisins et d’assurer la livraison directement dans les pressoirs de Jacquesson.
Car, riche d’une forte expérience en vinification champenoise, Jean-Hervé estime que la qualité du pressurage est capitale. C’est pourquoi seul le pressurage vertical est utilisé aujourd’hui. Cette méthode, qui se veut ancestrale, assure une protection des baies plus longue lors de l’extraction et des jus moins chargés de couleur et de tanins.
Après pressurage, certains jus sont revendus (les jus de taille, seconds jus), parfois même des pressurages entiers si l’année n’est pas assez qualitative. Ce qu’il garde, Jacquesson en prend grand soin : débourbage léger par gravité, pas de chaptalisation (ajout de sucre au vin), pas de soutirage, ni de filtrage, ni de collage.
Les vins sont élevés sur lies, bâtonnés et vinifiés en foudres de chêne. Ces grands contenants ne sont d’ailleurs jamais neufs, afin de ne pas trop aromatiser le vin avec du bois.
Les raisins du domaine proviennent de parcelles de Grands Crus et de Premiers Crus situés sur des coteaux pentus à la bonne exposition. Sur ces sols, les vignerons de Jacquesson labourent la terre et enherbent les rangs de vigne. Et même si les frères Chiquet ne souhaitent pas être étiquetés comme tels, la plupart des traitements sont bio.
La Cuvée 700, unique et innovante
Ce qui caractérise Jacquesson, c’est la volonté de Jean-Hervé et Laurent de créer des Champagne au profil différent chaque année.
C’est pourquoi Jacquesson ne produit pas, comme la très grande majorité des Maisons de Champagne, de Brut Sans Année (BSA). Ce Champagne, signature d’une Maison, se veut constant, porteur d’un « style ». Et c’est bien tout ce que souhaitent éviter les frères Chiquet.
Pour eux, c’est « le respect du caractère du millésime plutôt que sa négation » qui compte. Face à la régularité que propose les autres, Jacquesson se démarque et joue sur l’excellence de chaque année.
Pour autant, ce ne sont pas des Champagne millésimés que nous retrouvons ici. En créant le concept unique de la Cuvée 700, Jacquesson aborde le Champagne comme peu le font. La Cuvée 700 est le seul vin d’assemblage produit par la Maison. Elle se veut l’expression d’une année et offre donc un profil différent à chaque création. Les vins de l’année sont renforcés par des vins de réserve afin d’en accentuer la complexité tout en préservant le caractère du millésime.
Chaque bouteille est identifiée par un numéro de cuvée. Ce numéro correspond au numéro de production que la cuvée porte dans les livres de mise en bouteille du domaine. En 2000, lorsque les frères Chiquet lance leur première cuvée d’assemblage, ils en sont au numéro 728. Aujourd’hui la Cuvée 742 voit le jour. Produite en 2014 elle est issue d’un assemblage de Pinot Noir, Pinot Meunier et Chardonnay des Grands Crus et Premiers Crus du domaine.
La Cuvée 700 Dégorgement Tardif
La Cuvée 700 est proposée en deux maturations. La classique est élevée pendant quatre ans durant lesquels se produit la seconde fermentation en bouteille et un vieillissement sur lies.
La deuxième version proposée, Dégorgement Tardif, laisse presque deux fois plus de temps la cuvée en cave. En dégorgeant plus tard, les vins ont le temps de développer de nouveaux arômes tout en conservant une bonne fraîcheur. On découvre à la dégustation des vins plus complexes, plus mûrs sans avoir vieillis.
Parce que chez Jacquesson on rappelle que le Champagne est avant tout un vin, et le souhait est bien de créer les meilleurs.
Les Lieux-Dits, pépites rares de la Maison Jacquesson
Outre la Cuvée 700, Jacquesson élabore, en quantités bien plus réduites, des cuvées Lieux-Dits. Véritables vins de parcelle, ils ne sont pas systématiquement produits. En effet, pour qu’un Lieu-Dit voit le jour il faut que la qualité de l’année permettre de véritablement mettre en avant le caractère du terroir. Mais aussi que sa production n’interfère pas avec la production de la Cuvée 700, pour laquelle le vin peut jouer un rôle déterminant dans l’assemblage
Adolphe Jacquesson, créateur du muselet de la capsule de Champagne
Même si l’histoire de Jacquesson, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est directement liée au travail récent des frères Chiquet, un petit retour en arrière s’impose pour mettre en avant une invention notable dans tout l’univers du Champagne.
Adolphe Jacquesson, ayant rejoint l’entreprise familiale en 1832, est à l’origine de la création du muselet et de la capsule de Champagne. Jusqu’alors scellées par de la ficelle de chanvre, les bouteilles ne résistaient que peu au transport et d’innombrables bouchons sautaient. De même dans les caves lors des élevages, où la ficelle pourrissait fa ce à l’humidité.
Œuvrant pour maintenir la qualité de ses Champagne, Adolphe, inventeur dans l’âme, réalise de nombreuses inventions dans le but d’améliorer les techniques de production.
Outre la capsule métallique et le muselet, il est aussi à l’origine d’une machine mécanique pour nettoyer les bouteilles et d’un système d’éclairage des caves.
Jacquesson est une Maison de Champagne indépendante, qui est parvenue à se hisser parmi les plus grands noms en appliquant une approche unique et non-conventionnelle.