Sommaire
Tout amateur de vin se doit d’avoir un flacon de Crozes-Hermitage à portée de main. Au fil des années, cette appellation, parmi les plus grandes de la vallée du Rhône, s’est fait une place au panthéon des vins gourmands et gouleyants. On est ici loin des grandes Côtes Rôties et Hermitages qui nécessitent des années de garde. A quelques encablures d’écart, la Syrah, unique cépage noir autorisé dans le Rhône septentrional, réalise donc la prouesse de donner naissance à des vins aux profils fondamentalement opposés.
Quand on parle de Crozes-Hermitage, on ne parle toutefois pas d’une piquette à boire dans le mois de sa mise en bouteille. Non, ils ont un formidable potentiel mais l’expriment différemment des appellations voisines. Attendez donc quelques années pour tirer les bouchons de vos flacons. Partons à la découverte du millésime 2018 qui arrive progressivement chez nos cavistes.
Un millésime typique de l’appellation pour les rouges
Les conditions climatiques du millésime 2018 pouvaient laisser présager le pire. Le printemps, chaud et pluvieux a favorisé le développement de maladies cryptogamiques (liée au développement de champignons). Mais, l’été caniculaire a permis d’assainir les vignes et les pluies de début août ont apporté ce qu’il manquait de nutriment aux baies pour qu’elles ne soient pas trop petites.
Résultat, les vignerons ont dû vendanger tôt (première quinzaine de septembre) pour ne pas avoir d’excès de maturité du fait des chaleurs estivales. Les raisins présentaient quand même un fort potentiel alcoolique, dépassant parfois les 15° sur les rouges. Mais, en fin de compte, on retrouve un millésime assez typique de ces dernières années sur Crozes-Hermitage.
A la dégustation, pas de doute possible sur l’origine du vin. On retrouve là tous les marqueurs de la Syrah rhodanienne : une robe violacée, des arômes de petits fruits rouges frais (groseille, framboise), des notes de fusain, de poivre noir ou encore de cuir. Les vins sont également forts en tanins, ce qui leur donne beaucoup de mâche et de texture en bouche. Dépendant des vignerons, on retrouvera plus ou moins cette puissance tannique, selon leurs choix d’élevages (temps d’élevage, contenant…).
Une chose est sûre, vous pourrez garder vos Crozes-Hermitage pendant une dizaine d’années, plus pour les cuvées parcellaires, souvent plus concentrées et plus soignées. Vous pourrez alors vous délecter d’un vin aux notes de sous-bois, de gibier et à la texture de velours. Il faudra toutefois attendre un an ou deux pour que tous les domaines commercialisent les rouges 2018.
Le classicisme des blancs
Côté blanc, on retrouve une dégustation classique des assemblages Marsanne-Roussanne avec, quand même un certain accent solaire. On se délecte d’un vin aux notes d’amandes fraîches et de fleurs jaunes (ajonc, iris). La gourmandise est le maître mot tant par l’aromatique que par la texture ronde et grasse du vin. La légère amertume en fin de bouche vient équilibrer le tout et ouvre le champ des possibles pour l’accorder en cuisine. Là aussi, il serait bienvenu d’attendre quelques années avant de déguster votre vin.