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Après deux belles années à Châteauneuf-du-Pape, 2015 et 2016, tant en termes de quantité récoltée que de qualité des vins, le millésime 2017 avait la lourde tâche de suivre les pas de ses aînés. Si, au moment des vendanges, la quantité n’était pas au rendez-vous, la qualité, elle, ne fait pas de doutes.
Une météo qui cumule les records
L’année commence avec un froid record en janvier, puis vient un réchauffement rapide en février, laissant entrevoir une belle floraison et une récolte précoce pour l’appellation.
Mais une nouvelle vague de froid frappe la région fin avril, avant que les beaux jours ne s’installent pour de bon. Cette vague de froid provoque beaucoup de coulures (chute des grains en formation au moment de la floraison), particulièrement sur le Grenache – l’un des cépages phare de l’appellation – particulièrement sensible à ce phénomène.
L’été a été chaud, voire très chaud, avec des températures avoisinant les 40°C, faisant du millésime 2017 l’un des plus chauds de la décennie. À cela s’est ajouté une période de forte sécheresse (17 mm de pluie de juillet à septembre, contre 70mm sur la même période en 2016) qui heureusement n’aura pas engendré de fort stress hydrique grâce aux faibles rendements des vignes.
Une petite récolte, mais de qualité
Des raisins à bonne maturité et un parfait état sanitaire ont mené à débuter les vendanges dès les premiers jours de septembre. La conséquence principale des coulures survenues sur les grappes à partir du mois d’avril est une réduction du rendement lors des récoltes, le nombre de baies par grappe ayant été réduit.
Si du côté des quantités, la perte est importante, du côté de la qualité l’appellation s’en sort plutôt bien. Une plus faible quantité de raisins apporte plusieurs bénéfices, notamment : moins de compétition pour les ressources donc une plus grande concentration dans les baies, une meilleure circulation de l’air entre les baies donc une diminution du risque de pourriture.
Une météo moins clémente mène également les vignerons vers plus d’inventivité. Du côté des cépages, si le Grenache a subi des pertes importantes, la Syrah, le Mourvèdre ou le Cinsault s’en tirent bien, poussant à repenser les assemblages finaux. Les vignerons ont également dû porter une attention particulière à la gestion des tanins, avec des baies aux peaux plus épaisses : une extraction moins importante était de mise pour atteindre une plus fine structure tannique.
Le millésime 2017 à la dégustation
Une fois dans notre verre, le Châteauneuf-du-Pape 2017 a des atouts pour ravir notre palais. Sur les rouges, on retrouve dans l’ensemble un bel équilibre, des arômes de fruits noirs caractéristiques, avec une structure tannique affirmée mais où la chaleur n’est pas trop présente. Les cuvées bien réalisées ont de belles années devant elles.
Du côté des blancs, si la météo a favorisé une certaine opulence, une vinification minutieuse aura permis de conserver une belle fraîcheur, sur des vins où les notes de fleurs blanches viennent nous charmer.
Crédit photo : Alfred de TWIL