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Symbole d’excellence et de prestige, le Champagne millésimé est l’un des vins les plus recherchés et les plus appréciés. Rare, convoité et souvent réservé à une certaine élite, on ne sait pourtant pas forcément ce que cache le terme « millésimé ». Voici quelques précisions.
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Le Champagne millésimé, l’exception
Le Champagne millésimé, contrairement à tous les autres champagnes (bruts, extra-bruts, demi-sec, rosé etc.) est un champagne issu d’un assemblage de vins d’une seule et même année. Ce qui est la norme dans tous les autres vignobles de France est ici une exception. En effet, les vignerons ne millésiment leurs cuvées que sur de rares grandes années. Sur une décennie, l’occasion ne se présente souvent que deux ou trois fois.
Tous les ans, après les vendanges, lorsque les raisins récoltés sont transformés en vin, les vignerons de chaque maison de Champagne décident s’ils vont millésimer ou non leur cuvée. Pour prendre cette décision, il faut que l’année soit suffisamment bonne pour que l’assemblage obtenu soit exceptionnel et donne un champagne final capable de vieillir et de se bonifier avec le temps. Généralement, les maisons de Champagne millésiment leur cuvée de prestige, mais ce n’est pas obligatoire.
Il est important de noter qu’en plus d’être élaborés à partir de raisins récoltés sur les meilleures parcelles et triés de manière très précise, les champagnes millésimés sont élevés plus longtemps que les autres : 3 ans minimum, contre 15 mois pour les non-millésimés. Cet élevage (qui peut durer plus longtemps que 3 ans selon les envies du vignerons) offre au vin final une très belle complexité.
A la dégustation, les champagnes millésimés sont souvent plus longs en bouche, plus intenses et possèdent plus de corps. Ils sont d’un niveau au-dessus, tout en restant dans le style de la maison (primordial en Champagne).
Sans surprise, la plupart des champagnes millésimés sont de ce fait plus chers que les autres. Leur rareté, leur exigence de production et leur symbolique amène leur prix à être souvent supérieur de 40% à une cuvée non-millésimée.
Les millésimes champenois
Comme dans tous les vignobles, il existe en Champagne des millésimes qui sortent du lot et qui sont unanimement reconnus comme de très grandes années. Certains sont même qualifiés de « millésime du siècle ». C’est le cas des années 1937 et 1947 qui ont réellement marqué l’histoire du vignoble.
Plus récemment, 2002 s’est distingué en donnant d’exceptionnels vins, en particulier sur les assemblages à majorité Chardonnay. Encore plus récemment, 2008 et 2012 ont permis d’élaborer des champagnes hors du commun et de nombreuses maisons ont millésimé leurs cuvées ces années-là.
N’oublions pas cependant qu’en Champagne, plus que partout ailleurs, la recherche et la mise en avant d’un style est primordial. C’est pourquoi tous les producteurs ne produisent pas de Champagne millésimé sur les mêmes années.
Comment est fait le Champagne ?
Pour comprendre réellement ce qui distingue un champagne millésimé d’un non millésimé, il faut se replonger dans le processus d’élaboration du dit champagne.
Pour élaborer du Champagne, on utilise ce que l’on appelle la « méthode traditionnelle » (aussi appelée « méthode champenoise » en Champagne). Cette méthode démarre de manière assez simple car elle reprend les différentes étapes de vinification d’un vin classique :
–Vendanges : les raisins sont récoltés dans les vignes, majoritairement plantées de Pinot Noir, Pinot Meunier et Chardonnay
–Pressurage : les baies récoltées sont pressées afin d’en obtenir un jus (le moût) incolore, quel que soit le cépage (rouge ou blanc). C’est ici que l’on ajoute du SO2 (sulfitage) afin de protéger le moût obtenu de certaines bactéries.
–Débourbage : élimination de certains résidus solides présents dans le jus de raisin.
–Fermentation alcoolique : les sucres contenus naturellement dans les raisins sont transformés en alcool sous l’action de levures. C’est à ce moment-là que le jus de raisin devient du vin.
–Fermentation malolactique : très pratiquée en Champagne, elle consiste à transformer l’acide malique en acide lactique dans le but d’assouplir le vin.
–Assemblage : terme connu lorsque l’on parle de vin, il est ici un peu particulier car il englobe plus d’éléments. En effet, pour un vin « classique », il est habituel d’assembler différents moûts de différents cépages, ou différentes parcelles. En Champagne, on assemble différents cépages, mais aussi différents crus et surtout différents millésimes. Ce dernier point est ce qu’il est important de retenir. Car partout ailleurs dans le pays, les vins sont issus de raisins récoltés lors d’une seule et même année. En Champagne, ce n’est que très rarement le cas. L’écrasante majorité des champagnes produits (95%) sont « sans année » car ils sont issus d’un assemblage de vins produits sur différents millésimes.
C’est lors de cette étape d’assemblage que le Champagne millésimé fait son apparition. Exceptionnellement, le chef de cave peut estimer que l’année de récolte sort de l’ordinaire et mérite que l’on en fasse une cuvée spéciale. C’est la naissance des millésimés. Les champagnes non millésimés sont quant à eux appelés BSA, « Brut Sans Année ».
Une fois l’assemblage terminé, on procède à une seconde fermentation, mais cette fois-ci directement en bouteille (la première se fait généralement en cuve). Pour la déclencher, on ajoute au vin une « liqueur de tirage » contenant du sucre, du vin et des levures. Lors de la fermentation, du CO2 se dégage, et reste prisonnier de la bouteille. C’est ce qui donne l’effervescence au vin.
Par la suite, les bouteilles sont laissées au repos pour vieillissement durant de longs mois ou années. Une fois leur élevage terminé, on procède au « dégorgement » : tous les sédiments présents dans le flacon sont réunis dans le goulot de la bouteille puis expulsés. Il ne reste plus qu’à « doser » le vin, en y ajoutant une « liqueur de dosage » contenant du sucre de canne et du vieux vin. Ce dosage permet d’établir le profil final du champagne :
-Doux plus de 50 grammes de sucre par litre
-Demi-sec entre 32 et 50 grammes de sucre par litre
-Sec entre 17 et 32 grammes de sucre par litre
-Extra sec entre 12 et 17 grammes de sucre par litre
-Brut moins de 12 grammes de sucre par litre
-Extra brut entre 0 et 6 grammes de sucre par litre
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© Photo : Champagne Guy Charbaut