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Dans une Côte d’Or où l’on se dispute souvent quelques ares de grands crus, les villages moins renommés ne sont pas souvent sur le devant de la scène. Cela est une aubaine pour les amateurs de grands vins à bon rapport prix-plaisir. Partons aujourd’hui à la découverte de l’un d’entre eux, le village de Savigny-lès-Beaune.
Un village à l’ombre de Beaune et de la colline de Corton
Comme son nom l’indique, Savigny-lès-Beaune se trouve sur la Côte de Beaune, à quelques encablures des hospices qui ont fait la réputation des crus alentours. Le village est en fait à mi-chemin entre la ville de Beaune et la colline de Corton. Une illustre compagnie donc, face à laquelle il est parfois difficile d’exister. Et pourtant, Savigny a des arguments de poids pour se battre à armes égales avec ses voisins et voisines. On est ici dans la continuité des terroirs des grands crus d’Aloxe-Corton, ce qui nous laisse espérer la production de grands vins.
Nous avions raison de placer tous nos espoirs en ce village car, au fil des années, il n’a de cesse de nous surprendre et de nous épater avec ses blancs comme ses rouges, tout d’une grande finesse. On est ici sur un cas d’école de la viticulture en côte de Beaune, les hauts de coteaux reposent sur des sols calcaires qui se muent progressivement vers quelque chose de plus argileux et caillouteux au fur et à mesure que l’on se rapproche du village. Résultat, sur les 356 hectares de l’appellation, la majorité sont plantées en Pinot Noir (310 hectares), l’unique cépage à vin rouges autorisé ici, et les 46 hectares restants sont occupés par des rangs de Chardonnay et quelques rares pieds de Pinot Blanc.
Au total, on ne compte pas moins de 22 premiers crus sur tout Savigny-lès-Beaune, soit près de 30% de la production totale de l’appellation. Plus de doute donc, nous avons eu du flair en nous arrêtant dans ce village pour découvrir ces vins et les faire sortir un peu plus de l’ombre de leurs illustres voisins.
Des rouges de la trempe des grands
Trêve de plaisanteries, rentrons dans le vif du sujet. On commence par les rouges classiques de Savigny-lès-Beaune. A première vue, on est sur un vin typiquement bourguignon avec une robe grenat et des arômes de fruits des bois comme le cassis, la framboise ou encore la fraise des bois. On s’y replonge, et on détecte cette fois plus de complexité, des notes de violette nous enivrent tandis que l’on retrouve, dans la plupart des cas, des notes fumées et toastées issues de l’élevage en barrique de chêne du vin. Dans l’ensemble, on est sur un vin qui a une belle rondeur en bouche sans pour autant manquer de structure.
Ces flacons seront des plus appréciés pour vos soirées entre amis, que ce soit à l’apéritif autour d’un pâté en croûte, ou au cours du repas pour accompagner une pintade rôtie. La pintade a, en effet, un goût plus prononcé, presque faisandé, que les autres volailles et saura répondre avec brio au caractère prononcé de notre Savigny-lès-Beaune.
Vous avez succombé pour un premier cru de Savigny ? Tant mieux ! On est ici sur un vin d’un tout autre niveau qui saura exprimer toute la grandeur que l’on attend des terroirs d’exception de la Bourgogne. Vous avez bien-sûr une aromatique plus prononcée, des notes plus marquées, mais c’est face à la finesse et la longueur en bouche que vous tombez bouche bée. En effet, vous avez choisi ce qui se fait de mieux en termes de rapport prix-plaisir, un vin qui vous restera sur le palais et en mémoire longtemps après l’avoir bu. Choisissez ici des mets un peu plus fins pour rendre honneur au flacon d’exception que vous avez débouché. Pigeon ou caille farci au foie gras, tournedos Rossini ou encore filet mignon de veau aux morilles. En somme, des plats de fête, mais chaque goutte de Savigny-lès-Beaune n’est-elle pas une fête en elle-même ?
Des blancs de grande facture
Continuons notre excursion en terres de Savigny-lès-Beaune en partant à la découverte de ces rares mais délicieux nectars blancs. Difficile de vous impressionner après les rouges ? On relève ici facilement le pari. D’entrée de jeu, nous n’avons qu’une seule envie, plonger tête la première dans notre verre. C’est chose faite et nous ne sommes pas déçus ! Un parfait équilibre entre la fraîcheur des terroirs calcaires de la côte de Beaune et la rondeur du Chardonnay élevé à la bourguignonne. On se laisse volontiers envahir par des notes minérales, qui nous rappellent presque certains Chablis, mais, vient ensuite toute une aromatique de noisette et de brioche tout juste sortie du four qui nous laisse sans voix. Pour déguster ces vins, on peut rendre hommage au regretté Michel Troisgros et partir sur un délicieux saumon à l’oseille. Il nous reste qu’à ouvrir une bonne bouteille d’un vigneron de Savigny Les Beaune.