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Depuis quelques dizaines d’années, les grands crus de Bourgogne ont le vent en poupe. Les quelques flacons produits chaque année s’arrachent et sont rapidement devenus introuvables ou inatteignables pour nombre de passionnés. La faute à une production très – très – faible et une demande toujours grandissante. Résultat, impossible de ne pas laisser des plumes à l’achat. Mais, ne nous méprenons pas, nous en avons pour notre argent. Partons aujourd’hui à la découverte de l’un des plus prestigieux d’entre eux : le Musigny.
Un grand cru de légende
Impossible de dater l’arrivée de la vigne sur les sols du Musigny avec certitude. On peut toutefois affirmer que les moines de l’abbaye de Cîteaux ont, très tôt, reconnu le caractère exceptionnel de ce climat. On y fait donc du vin depuis au moins un millénaire. Le nom « Musigny » vient quant à lui de la famille de Musigny, des nobles de la cour des ducs de Bourgogne au XIVème siècle. Aujourd’hui éteinte, cette famille a laissé son nom à ces quelques hectares de terre et est aujourd’hui rentrée dans la légende des grands vins de Bourgogne.
En effet, le Musigny s’est aujourd’hui élevé au rang de légende, au point de se placer dans le peloton de tête des grands crus bourguignons. Romanée-Conti, la Tâche, Chambertin, Chambertin Clos de Bèze et le Musigny, voilà ce que vous diraient la plupart des spécialistes de la Côte de Nuits si vous leur demandiez quels climats retenir s’il n’en fallait garder que cinq.
Notre Musigny s’entoure ainsi d’une illustre compagnie. Il faut dire qu’il bénéficie d’un terroir remarquable. Le grand cru se situe au centre d’un triangle de climats dont la renommée n’est plus à faire : clos de Vougeot, les Amoureuses et les Echezeaux. De quoi en rendre beaucoup jaloux. Mais ce n’est pas tout, il bénéficie d’une géologie exceptionnelle pour la Côte de Nuits : de l’argile rouge se mêle à la roche calcaire sur les fortes pentes du Musigny. C’est cet aspect là qui le distingue de tous ses voisins et lui permet de les surclasser.
On ne peut toutefois pas parler du Musigny sans mentionner le domaine du Comte de Vogüé. C’est en effet ce célèbre vigneron bourguignon qui a fait sa réputation. Sur les 10,40 hectares classés en grand cru, il en possède 7,2. Sa philosophie passe avant tout par la vigne, tous les raisins issus de pieds ayant moins de 25 ans sont automatiquement déclassés en premier cru. Autrement dit, il considère qu’il faut attendre un quart de siècle avant que la vigne ne commence à exprimer toute la finesse de son terroir dans ses baies. Il est également le seul vigneron à produire un Musigny blanc.
De manière plus générale, le Musigny obéit aux logiques qui s’appliquent à tous les grands rouges de Bourgogne : contrôle des rendements de la vigne (moins de 30 hl/ha, soit moins de 40 000 bouteilles produites chaque année), élevage long en barriques en bois de chêne et un très long potentiel de garde.
Une expérience de dégustation comme nulle autre
La dégustation d’une bouteille de Musigny est un moment comme nul autre. Après au moins dix ans de garde, vous serez face à un monstre de raffinement. Tout simplement grandioses, les rouges ont une puissance et une richesse surnaturelle tout en restant d’une finesse à couper le souffle. Vous vous y plongez, vous y replongez, vous ne pouvez plus vous arrêter tant cette symphonie est grandiose. Des notes florales de violette et d’aubépine se joignent à des arômes de fruits noirs et de noyau de cerise, voire d’ébène dans la plus splendide des noces. Un vin dont la beauté vous hantera au moins pour les dix années à venir.
Dix ans plus tard, vous cédez et rouvrez le même flacon dans le même millésime. Vous vous enivrez à nouveau de la splendeur et l’harmonie du Musigny. Cette fois-ci, place à un vin plus évolué, qui atteint tout son potentiel : des arômes animaux de fourrure et de cuir auxquels se lient des notes de feuilles et de fleurs séchées ou encore d’humus. Splendide, cette fois c’est sûr, vous êtes marqués à vie – mais libre à vous de vous y replonger après dix nouvelles années pour vivre une expérience que très peu avant vous auront vécu.
Seul bémol, la rareté de ces bouteilles suppose d’y mettre un prix conséquent (difficile de s’en sortir à moins de 500€). Il faut donc s’assurer que l’expérience soit parfaite pour ne pas que le rêve devienne cauchemar. Quoi de mieux pour cela qu’un dîner des plus fastueux ? L’horizon des possibles est très large : pigeon farci au foie gras et à la truffe, agneau de lait rôti croustillant ou encore lièvre à la royale, tous sont un superbe choix.