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« Pittoresquement blotti contre l’arrondi de la colline comme la tête de saint Jean au creux de l’épaule du Christ, Monthélie ressemble à un village de Toscane » écrit Pierre Poupon. Partons à la découverte de ce village de la côte de Beaune !
L’exemple-type du village vigneron :
Si l’on s’en fie au proverbe local, « une poule y [à Monthélie] meurt de faim durant la moisson », c’est dire si la tradition locale se focalise sur la vigne et aucune autre culture, à tel point que la basse-cour n’a pas une graine à picorer !
Situé au cœur de la côte de Beaune, entre Volnay et Meursault, Monthélie se définit comme un cru typique de la Bourgogne viticole. Un village, fort d’un château, dont aurait donc pu s’éprendre Charles Trenet tant il est pittoresque. Mais, le réel intérêt de Monthélie reste le vin. Avec ses 128 hectares en production, sur lesquels on ne retrouve pas moins de quinze premiers crus, le village s’ancre définitivement parmi les grands de la Côte d’Or.
On retrouve l’influence du cru limitrophe de Volnay sur les vins de Monthélie : une majorité de rouge du fait de la forte proportion de calcaire qui sert de socle au terroir local. On parle d’ailleurs de coteau de Volnay pour décrire cette continuité entre les deux villages. La majorité des climats classés en premiers crus à Monthélie se situe ainsi sur cette zone, à la frontière entre les deux appellations, également très proche du Nord de Meursault. Seules exceptions, deux climats aux portes d’Auxey-Duresses au Nord-Ouest du village.
On retrouve une forte influence de Volnay sur les vins de l’appellation. En effet, le village produit près de 85% de rouges – 110 hectares sur une surface totale de 128 hectares, dont 35% bénéficient du statut de 1er cru. On retrouve ainsi la continuité du coteau de Volnay sur les premiers crus du village. C’est le calcaire graveleux du sous-sol de Monthélie qui fait pencher la balance des couleurs en la faveur du rouge.
De grands rouges de la Côte de Beaune :
Quand on parle de rouges en Bourgogne, on s’attend avant tout à partir en Côte de Nuits, sur les terroirs mondialement connus sur lesquels la Romanée Conti ou le Clos Vougeot ont vu le jour. Mais, il s’agit ici de découvrir les autres grands rouges de Bourgogne, aux premiers rangs desquels on retrouve le village de Monthélie.
Là aussi, on peut faire un parallèle avec Volnay tant ces vins ont un profil proche. A l’inverse de Pommard et sa structure virile, Monthélie se dessine tout en finesse. Au premier abord, on est face à une robe rouge rubis dans laquelle on a très rapidement envie de plonger ses lèvres. Mais, ne sautons pas d’étapes et, faisons honneur à notre flacon en l’appréciant de tout nos sens. Au nez, la gourmandise du fruit rouge et un certain raffinement floral sauront vous charmer d’emblée. On a d’ailleurs tendance à parler de vins féminins pour décrire Monthélie. En bouche, on retrouve logiquement une finesse tannique, une texture de velours et une aromatique assez fidèle aux effluves qui ont charmé nos narines. Avec l’âge, Monthélie gagnera en complexité et en raffinement avec le développement de fines notes truffées et légèrement épicées.
On en a vite l’eau à la bouche ! Passons à table et tâchons de trouver l’accord parfait pour sublimer notre Monthélie. On peut d’abord penser à apporter un jeu de texture entre l’assiette et le verre, avec une volaille rôtie et sa peau grillée, croustillante, qui viendra contraster avec le velours de l’appellation. La finesse de votre volaille ne viendra d’ailleurs pas prendre le dessus sur votre vin mais saura plutôt lui apporter une dimension supplémentaire. Amateurs d’une cuisine de caractère, n’hésitez pas non plus à choisir de jolis produits tripiers comme des ris de veau pour rehausser votre vin et donner une dimension toute autre à votre accord.
Des blancs minoritaires qui valent le détour :
Les rouges sont clairement la star de Monthélie, mais, la proximité de Meursault – qui produit des blancs mondialement connus, nous met sur la voie du blanc. On est bien ici au cœur de la côte de Beaune : une robe dorée, un nez de floral, vanillé, sur des fruits secs comme la noisette grillée ou l’amande. Les pratiques bourguignonnes du bâtonnage et de l’élevage en barrique en fût de chêne donnent au chardonnay sa texture moelleuse, presque briochée, si caractéristique de la Côte d’Or. Face à un grand classique du vignoble français, partez sur un grand classique de la gastronomie française : la sole meunière. On retrouvera dans notre verre la gourmandise nécessaire à faire écho ce poisson cuit dans un beurre noisette. Un petit filet de jus de citron pour apportez un peu de fraîcheur et le tour est joué.