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Philippe Faure-Brac
Meilleur Sommelier du monde 1992 et Meilleur Ouvrier de France 2015
Je pense que les systèmes de notation sont une bonne façon d’entrer dans le monde des vins lorsque l’on est débutant. En effet, ils peuvent nous aider à nous orienter sur des « classiques » et nous faire découvrir les incontournables de chaque région. Mais plus tôt on peut s’en détacher mieux c’est. Le but est de s’aider des systèmes existants pour se construire son propre goût.
Parker est très important, car il a réussi à mettre de très bons vignerons en avant. Mais d’une certaine manière, petit à petit, il a modifié le spectre gustatif des vins, en l’influençant avec un goût très américain. Les vins tendres, légers et élégants sont devenus très concentrés, les raisins beaucoup plus mûrs, le boisage plus marqué, et Parker, au lieu de les ignorer, car il ne les trouvait pas forcément à son goût, les a mieux notés. Le problème avec Parker, c’est la pensée unique. Il faut que le monde du vin digère cette période-là pour revenir à un certain équilibre.
Même si certaines appellations sont très connues, comme Pomerol, qui plaît beaucoup à Parker, certaines mériteraient de l’être davantage, comme le Lirac dans la vallée du Rhône.
Jérémy Magnon
Ancien sommelier du Restaurant Fera at Claridge’s (1 étoile Michelin) à Londres
Apparemment Monsieur Parker est en train de changer de discours. Je pense qu’il aime particulièrement les vins comme les Cahors et les Pomerol, très concentrés, mais il fait aussi des dégustations de vins dans d’autres styles. On l’entend maintenant dire que la notation est faite par rapport à son goût et qu’il n’a jamais voulu influencer celui des autres. Cela fait peut-être prendre conscience aux gens qui le suivaient qu’il est désormais temps de découvrir leurs propres goûts. Ce qui est dommage avec Parker c’est qu’on a tout de même perdu un style. Je pense notamment au Château Figeac qui a changé de style alors qu’il avait sa propre identité. Heureusement, il revient à son caractère originel.
Certaines appellations en Auvergne ou en Languedoc ont été aussi oubliées, car ce n’était pas très vendeur comme région. Il ne faut pas oublier tous ces vignerons qui ont décidé de laisser libre court à leur imagination en vinifiant en IGP.
Le dernier coup de cœur de Philippe Faure-Brac
Le Blanc 2015 du Domaine Pieretti. Élaboré à base de Vermentino, il a le tempérament de l’île de Beauté ainsi que la minéralité propre à cette région du nord de la Corse.