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Nous sommes entre Mâcon et Lyon, à quelques encablures du vignoble bourguignon. Ici, le Beaujolais s’étend sur cinquante kilomètres du Nord au Sud et nous offre une palette de terroirs incomparable. Le Massif Central veille de près, et, porté par une belle richesse géologique et un climat aux multiples influences, le Gamay, cépage roi de la région, nous réserve bien des surprises.
Si l’on entend beaucoup parler du « Beaujolais Nouveau », tous les troisièmes jeudis de novembre, il ne faut pas, mais pas du tout, en oublier le Beaujolais tout court, appellation riche en talents et en vins de qualité.
Sur les 17 000 hectares qui composent le vignoble vallonné, voire montagneux, du Beaujolais, on découvre au Sud les AOC Beaujolais et Beaujolais Villages et au Nord, à cheval sur les départements de la Saône-et-Loire et du Rhône, les dix crus du Beaujolais. Patchwork de sols, de sous-sols et de vignerons de talents, les dix crus du Beaujolais s’expriment à leur manière par des profils bien affirmés.
Du Nord au Sud, résumé.
Juliénas
AOC la plus septentrionale des crus du Beaujolais, Juliénas est réputée auprès de la presse et des bistrots parisiens. Vin de caractère qui peut s’apprécier dans sa jeunesse mais qui s’exprime mieux après plusieurs années de garde, Juliénas offre des arômes typés, fruités, allant des petits fruits rouges aux notes de pêche selon les millésimes. Plutôt nerveux, bien équilibré et possédant une vinosité intéressante, c’est un vin de table, puissant et charpenté, qui s’apprécie sur des mets robustes qui peuvent égaler son degré alcoolique souvent élevé.
Saint-Amour
Son nom appelle la finesse et la douceur, ses vins aussi. Délicats, les Saint-Amour sont fins et élégants. Tout comme Juliénas, Saint-Amour se situe tout au Nord de l’aire d’appellation du Beaujolais. C’est aussi l’un des plus petits crus. Avec sa robe rubis et charmeuse, le vin dont le nom est reconnu mondialement, possède une belle aura qui se confirme grâce à des saveurs fruitées typiques du Gamay, telles que le cassis ou la framboise. Lorsqu’il est issu d’une macération courte, le Saint-Amour est un vin tendre, floral, qui se boit dans l’année. Après une macération longue, les vins se veulent plus solides, charpentés et plus épicés. Ils peuvent, et doivent alors se conserver quelques années pour s’exprimer de manière optimale.
Chénas
Chénas est le voisin de Moulin-à-Vent, l’un des crus les plus connus du Beaujolais. De fait, il souffre parfois de la comparaison. Pourtant, le plus petits des crus du Beaujolais a de quoi se faire connaître. Planté sur de superbes coteaux vallonnés, le Gamay de Chénas offre des vins denses, qui rappellent d’ailleurs parfois les grands vins bourguignons. Issus d’une macération plutôt longue, les vins sont charnus et taillés pour quelques années de garde. On retrouve des arômes fruités et floraux typiques de la région, mêlés à des notes vanillées ou épicées, liées à des élevages sous bois. Au bout d’une dizaine d’années de garde, le vin « pinote » résolument, et s’affirme comme un vin racé.
Moulin-à-Vent
Incontestablement le cru le plus connu, le Moulin-à-Vent « Seigneur du Beaujolais », donne des vins charpentés dignes des plus grands. Tout comme Chénas, et même peut-être parfois plus, les vins de Moulin-à-Vent atteignent souvent grâce à leur profil fin et taillé pour la garde, le niveau des grands vins de Bourgogne. D’une couleur pourpre ou rubis qui évolue sur du grenat, le Moulin-à-Vent, offre dans sa jeunesse un bouquet de cerise et de violette incomparable. A l’évolution, des notes plus épicées apparaissent, accompagnées par des arômes complexes comme le musc ou le gibier. En bouche, le vin est velouté, la trame tannique est fine, élégante, et les arômes persistants. Toutes ces caractéristiques peuvent cependant varier d’un vigneron à l’autre, chacun exprimant sa sensibilité et son savoir-faire. Mais à l’unanimité, les vins de Moulin-à-Vent font partie des crus du Beaujolais les plus prestigieux et les plus connus à travers la France et le monde.
Fleurie
Ici, place à la finesse. Fleurie fait partie de ces crus réputés pour leur délicatesse et leur velouté. L’élégance de ses arômes floraux, tels que la rose, l’iris ou la violette, se mêlent à la fine gourmandise de ses arômes fruités de cassis ou de pêche, pour former un ensemble gracieux. On l’apprécie dès l’apéritif ou sur des plats à base de viande sautée et de petits légumes revenus.
Chiroubles
A Chiroubles, attention à ne pas avoir le vertige, car c’est ici que les vignes les plus hautes des crus du Beaujolais se trouvent. Jusqu’à 450 mètres d’altitude ! Cette situation, couplée à des sols sableux granitiques, permettent d’obtenir des vins marqués par la légèreté et le fruité. Les tanins sont présents mais discrets, les arômes s’expriment sur les fleurs telles que la pivoine, le muguet ou la violette. Le Chiroubles est typé Beaujolais : frais, fin et fruité.
Morgon
Morgon, c’est la valeur sûre du Beaujolais. Pourtant, le Morgon peut avoir mille facettes. Issu d’un vignoble très étendu (le deuxième plus grand des crus du Beaujolais), de nombreux terroirs se côtoient et une expression particulière se dégage de chaque lieu-dit : Les Charmes, Les Grands Cras, Corcelette, Douby, Les Micouds, et le plus connu La Côte du Py. Si l’on devait généraliser, on pourrait dire que les Morgon sont des vins de garde, puissants et denses, où des arômes de kirsh et de fruits à noyau bien mûrs côtoient parfois des pointes minérales. Résolument fait pour s’exprimer au bout de quelques années de vieillissement, le Morgon est riche et se bonifie avec le temps.
Régnié
C’est le petit dernier du Beaujolais. Non pas que ses vins ne valent pas ceux de ses voisins de crus, mais parce que Régnié est la dernière région à avoir obtenu l’AOC. Ce n’est donc que depuis 1988 que le cru Régnié produit des vins plutôt séducteurs, où arômes de groseilles, de framboises et de mûres s’entremêlent à des tanins qui restent très fins.
Brouilly
Brouilly est le cru le plus méridional de la région. C’est aussi le plus étendu. Et c’est également, aux côtés du Morgon et du Moulin-à-Vent, l’un des crus du Beaujolais le plus connu et le plus consommé. Il faut dire qu’il est agréable : très fruité, sur des notes de fraise, de framboise, de prune ou de pêche, il séduit facilement l’amateur en quête d’un bon vin convivial.
Côte de Brouilly
Encastré au cœur du cru de Brouilly, Côte-de-Brouilly s’étend sur un terroir particulier, composé de roches volcaniques appelées « pierres bleues », qui offrent des reflets rappelant la mer. Les vins qui en ressortent possèdent un caractère qui les distingue de leurs voisins. Ils sont corsés et élégants, parfois très minéraux, tout en gardant un côté floral appréciable.