L’actualité du vin vue par

Les vins Bio

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Depuis quelques années, le label Agriculture Biologique envahit les rayons vins de nos  supermarchés et les sélections de nos cavistes. Mais pourquoi les domaines passent-ils tous  sous le pavillon du bio ? Par conviction ou par simple argument commercial ? 

 

Le bio fait vendre

 

C’est une réalité, la plupart des vins bio que vous trouverez en supermarché sont dans une  démarche de greenwashing. Ils produisent du bio pour vendre leur production plus chère tandis que les aides gouvernementales et européennes amortissent tout ou partie de leurs  coûts de conversion. De l’agriculture biologique oui, mais pour les mauvaises raisons donc.  

Certains se satisferont de cette évolution qui va dans le sens d’une viticulture plus durable. Le  vin est, en effet, l’une des productions agricoles les plus polluantes au monde, que ce soit en  termes de traitements phytosanitaires systématiques – et pas toujours justifiés, de perte de  biodiversité ou encore de gaspillage d’eau, de consommation de verre et de transport. A une  époque où une prise de conscience environnementale est nécessaire à une échelle mondiale,  il était donc grand temps que les acteurs de la filière viticole commencent leur conversion.  

Mais, le fait est que beaucoup de ces acteurs font le strict minimum pour passer en bio. Pire,  certains se contentent d’être en Haute Valeur Environnementale, un label qui veut tout et rien dire si ce n’est que le domaine cherche à réduire son impact environnemental. Pas de quoi  s’émerveiller donc devant l’arrivée de ces vins bio de masse. Un réel changement de mentalité  est donc nécessaire d’un point de vue environnemental pour que le secteur du vin réduise  réellement son bilan carbone. Cela peut aller de la mise en place d’une consigne pour les  bouteilles en verre au retour de la biodiversité dans les vignes, en passant par une réduction  de la consommation d’eau. On peut par exemple saluer les travaux du CIVC (Comité  Interprofessionnel du Vin de Champagne) qui vise la neutralité carbone à l’horizon 2030. 

Il faut toutefois se rappeler que le vin n’est pas une denrée agricole comme un autre. Il s’agit  bien d’un produit qui requiert un savoir-faire d’exception et où la griffe du domaine importe  plus qu’ailleurs. La prise en compte de l’environnement va donc beaucoup plus loin que la  simple agriculture biologique.  

La vigne au centre d’un écosystème, pour une viticulture porteuse de sens

Vous l’aurez compris, il n’y a rien d’exceptionnel à faire du vin bio, cela devrait plutôt être la  norme. Il s’agit ici de retrouver une notion de bon sens paysan et chercher à replacer le vin  dans son terroir, une démarche qui va de la vigne jusqu’à la mise en bouteille. Cela passe  d’abord par la compréhension de ce qu’est réellement un terroir viticole. C’est la combinaison  de la composante géologique, du climat, de la biodiversité et de la présence humaine. Chaque  terroir est donc unique et a le potentiel de produire un vin unique. Il est malheureusement  trop rare de trouver des vins expriment réellement leurs terroirs. 

La faute aux autorités de régulation qui imposent des règles trop strictes ? à une viticulture  productiviste ? aux générations précédentes ? aux goûts des consommateurs ? Peut-être un  peu de tout, une chose est sûre, la viticulture de masse, qu’elle soit biologique ou pas, est une  solution de simplicité.  

On voit toutefois un vivier de domaines qui s’ancrent aujourd’hui dans une réflexion globale  d’agriculture de terroir, par essence durable. Cela passe d’abord par un réel travail des sols.  Adieu les produits phytosanitaires et les engins industriels donc, place à des machines plus  légères, voire à un retour des animaux dans les vignes. Il n’est pas rare en effet de voir des  chevaux tirer les charrues dans les rangs de vignes, ni des moutons désherber les parcelles.  Pas question non plus de champs de vigne à perte de vue, on assiste à un retour des arbres et des fleurs. La polyculture permet ainsi de recréer un réel écosystème au sein duquel chaque  être vivant échange avec son voisin pour se renforcer. Les arbres apportent par exemple de  l’ombre à la vigne au cœur de l’été tandis que les roses éloignent certains insectes.  

Il s’agit donc de faire confiance à la nature dans sa production. Cela passe aussi par la  plantation de cépages qui ont lieu d’être plantés. Exit les cépages bourguignons au cœur du  Languedoc donc. On abandonne aussi la surproduction, quitte à faire des vendanges en vert,  c’est-à-dire couper certaines grappes avant qu’elles ne mûrissent, pour limiter la production  de chaque pied de vigne afin que toutes les baies soient chargées en goûts et reflètent leur  terroir. Faisons aussi fi de la machine à vendanger qui mélangent raisins pourris, encore verts  et les raisins à la bonne maturité.  

Une fois la vendange terminée, la vinification doit, elle aussi, respecter le terroir. On a donc  recours à des levures indigènes, présentes sur la peau des baies non-traitées, pour déclencher  la fermentation alcoolique. On limite les intrants chimiques, un soupçon de souffre pour  limiter le risque de défaut du vin et une filtration pour éviter l’excès de dépôt. 

La biodynamie et la lutte contre les cahiers des charges, un idéal ?

L’étape suivante serait alors l’adoption de la biodynamie, c’est-à-dire le respect des cycles des  lunes et des planètes dans la production de vins, ainsi que le recours à des préparations et  concoctions à base d’orties ou encore de cornes de vaches remplies de fumier et enterrées.  De plus en plus de vignerons en ont fait le choix car cela aiderait – aucune preuve scientifique  ne valide ces pratiques, la vigne à puiser ses forces dans son terroir. Précisons que c’est un  choix fait par certains des plus grands domaines du monde.  

D’autres font le choix des vins natures, c’est-à-dire sans aucun intrant chimique, voire de sortir  du carcan des AOC pour produire comme ils l’entendent. Le problème est que l’on est souvent  en présence de vins déviants qui ont des arômes pouvant déranger et où on abandonne  parfois presque le plaisir de la dégustation.  

Le plus grand défi de la filière viticole est donc de trouver un équilibre entre les vins  conventionnels et ces vins hors-catégorie. 

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De Loïc Bozouklian

Membre d'Elyxir, association étudiante d'oenologie.

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