L’Ugni Blanc est un cépage très populaire. S’il est si connu c’est pour la simple et bonne raison qu’on le retrouve aux quatre coins du globe. Mais c’est dans le Sud de la France qu’il prospère le plus ! Variété de raisin dite “de cuve”, l’Ugni entre dans la production de vins et d’eaux-de-vie. Il s’apprécie parfois assemblé, ou parfois distillé en Cognac ou en Armagnac. Vous en voulez plus ? Allez, unissons-nous dans la connaissance de l’Ugni !
N°1 des cépages blancs de France
L’Ugni Blanc est une déclinaison de l’espèce de raisin de cuve la plus commune, la fameuse Vitis Vinifera. Ce très vieux cépage nous vient tout droit d’Italie, plus précisément de Toscane. Sur son sol d’origine on l’appelle Trebbiano Bianco. Selon l’OIV (chiffres 2017), le prolifique Trebbiano / Ugni occupe une surface totale de 111 000 hectares, tout autour du monde.
On le retrouve aussi en Europe, comme en France, en Italie ou au Portugal, mais également en Bulgarie par exemple. Il est également planté en quantités importantes en Amérique, en Australie et en Afrique du Sud. Il trône ainsi à la troisième place du classement des cépages blancs les plus plantés à l’échelle internationale.
Cocorico ! C’est pourtant la France qui le cultive le plus. Ce cépage fait son apparition dans notre métropole à partir du Moyen-Âge sous le nom qu’on lui connaît aujourd’hui : Ugni Blanc. Dans l’hexagone, pas moins de 82 000 ha accueillent cette variété. Et cela représente 10% de la surface totale des terres viticoles françaises.
On le retrouve principalement dans le Sud de la France. Très présent dans le Bordelais, en Charentes, en Languedoc et en Provence, il est également cultivé jusqu’en Corse. Il semblerait d’ailleurs qu’on lui attribue un lien de parenté avec le cépage corse par excellence, le Vermentino. Une telle prépondérance fait de l’Ugni le cépage blanc le plus planté de France.
Un cépage productif et vigoureux
Une telle expansion de l’Ugni Blanc a été permise grâce à ses nombreux atouts.
En effet, il s’agit d’une variété présentant une grande fertilité, ainsi qu’une bonne vigueur. Les gelées printanières ne sont pas un problème pour elle puisque son débourrement et sa floraison, c’est-à-dire son bourgeonnement, sont tardifs.
C’est un cépage très productif. Aussi, planté sur des sols riches et fertiles, il ne pourra produire que du vin “dilué”, d’une faible teneur aromatique. C’est donc dans les sols pauvres qu’il dévoilera tout son intérêt. Et, il s’épanouira d’autant plus que la région est tempérée, la fraîcheur ayant tendance à lui conférer une acidité exacerbée.
Enfin, côté maladie, s’il présente une relative sensibilité au mildiou, il se voit tenace face à la -parfois- terrible “pourriture grise” ainsi qu’à l’oïdium.
Toutes ces conditions idéales rassemblées, les plants d’Ugni Blanc produisent des fruits très reconnaissables. Les grappes ailées, étroites et allongées, sont généralement très grandes. Les baies sont rondes, de taille petite ou moyenne, arborant des couleurs dorées voire cuivrées selon l’ensoleillement du lieu de culture. Grâce à leur chair juteuse et abondante, les raisins pourront ensuite être vinifiés pour produire du vin blanc sec, marqué par une grande nervosité (acidité).
De ce résultat s’échappent des arômes de citron, de violette fraîche, de banane. La résine de pin, le coing et le géranium sont également très fréquents.
La matière première du Brandy
Au-delà de sa résistance et son rendement, l’Ugni présente un double intérêt. Il peut jouer un rôle important dans les assemblages et possède également les éléments essentiels pour être distillé en eau-de-vie.
D’une part, sa neutralité aromatique lui permet de jouer un rôle de cépage “support” dans des assemblages. En effet, comme vu plus haut, l’Ugni Blanc est un cépage discret à l’aromatique assez neutre. Si cela peut le rendre un peu “pâlot” lorsqu’il est utilisé seul, c’est lorsqu’il est assemblé qu’il trouve toute son utilité. Grâce à sa franche nervosité, il devient le compagnon idéal à d’autres cépages plus aromatiques. Il apporte une touche de fraîcheur et de finesse, et permet notamment de rehausser l’acidité d’un vin manquant de “peps”.
Mais l’Ugni n’est pas utilisé uniquement dans la production des vins blancs. En effet, d’autre part, il bénéficie des éléments essentiels pour la distillation en eau-de-vie. Grâce à son taux d’acidité élevé et sa faible teneur alcoolique, aux alentours de 8 à 9% , ce cépage est la matière première idéale pour être distillé. C’est ainsi qu’on le retrouve dans la confection du Cognac, et de l’Armagnac.
Cependant, tout n’est pas tout rose au pays du Brandy. La domination écrasante de ce cépage – 98% du vignoble Cognaçais et en Armagnac – commence à attiser les tensions entre les propriétaires de terres viticoles. Las de voir des viticulteurs demander des droits de plantation pour finalement faire du cognac, le syndicat des vignerons producteurs de vin de pays des Charentes a demandé à l’INAO de sortir l’Ugni Blanc de la liste des cépages autorisés. Il s’agit là du seul moyen pour eux d’espérer faire croître leur appellation.
To be continued….